Argo
Téhéran, novembre 1979. Des activistes proches de l’ayatollah Khomeini investissent l’ambassade américaine et prennent en otage la plupart de ses occupants. Dans la panique du moment, six d’entre eux parviennent à s’échapper et à se réfugier au sein de l’ambassade canadienne.
Tiré de l’un des épisodes politiques les plus médiatisés de la fin des années 1970 et d’un roman écrit par un ancien agent des services secrets (The Master of Disguise de Tony Mendez), Argo décrit l’exfiltration pour le moins extravagante de ces six réfugiés par un expert de la CIA, le Mendez en question, interprété par Ben Affleck, également réalisateur du film, son troisième après Gone Baby Gone et The Town.
Son idée de génie : faire passer ses protégés pour une équipe de tournage venue faire des repérages à Téhéran. Pour cette opération top secrète dont il a eu l’idée en regardant la bataille de la Planète des singes, il s’adjoint l’aide et les conseils d’un vieux producteur de Hollywood (Alan Arkin) et d’un spécialiste des maquillages, John Chambers, alias le truculent John Goodman.
Vu de loin, Argo est un film calibré pour plaire au plus grand nombre, ce qui fut le cas à en juger par le nombre de statuettes dorées remportées aux Oscars. Un film plutôt consensuel (les Américains jouent et gagnent, les Iraniens sont aussi pop et joyeux que des croque‑morts après une beuverie), efficace, flanqué d’une mise en scène carrée et tiré d’un sujet formidable, avec une bonne dose d’humeur, de suspense et de patriotisme.
Mais de près, le film est plus malin qu’il n’y paraît puisqu’il utilise la relation (ici contrainte) entre la politique et Hollywood pour brouiller la frontière entre l’industrie du divertissement et l’Histoire : faire une guerre ou monter un spectacle revient, au fond, à la même chose. Après tout, ce n’est jamais que du cinéma fabriqué par de grands enfants.