Un jour dans la vie de Billy Lynn
Tout commence en 2005, en Iraq, quand Billy Lynn tente de sauver la vie d’un autre soldat sur le champ de bataille. De retour sur le sol américain, le jeune soldat de 19 ans et son escadron sont accueillis en héros et entament une tournée promotionnelle. Mais Billy Lynn est de plus en plus tourmenté par ses souvenirs et son avenir.
Adapté du livre de Ben Fountain (Fin de mi‑temps pour le soldat Billy Lynn, 2012), mis en scène par Ang Lee (Tigre et Dragon) et doté de moyens de mise en scène séduisants (captation 3D à 120 images par seconde), ce film en forme de satire dénonçant une certaine forme de patriotisme américain primaire ne parvient pas tout de suite à capter l'attention. Son style théâtral et didactique à l'excès rebutent d'emblée.
Puis arrive la fameuse mi‑temps du match, lorsque l'escadron de soldats est appelé à participer sur scène au show frénétique d'une fausse Beyoncé (époque Destiny's Child) que l'on ne verra bien sûr que de dos. Les souvenirs traumatiques de Lynn, alors à leur paroxysme, s'entremêlent aux effets pyrotechniques grandioses, à la fanfare pétaradante et aux pom‑pom girls tourbillonnantes, qui se pament pour des héros dont l'image dévote est façonnée depuis leur plus tendre enfance. Ang Lee touche alors du doigt, un peu trop tard, la surimpression schizophrène deux mondes aux antipodes l'un de l'autre et pourtant artificellement connectés pour les besoins de la propagande.
Un film à cheval entre le drame personnel et la satire, à prendre davantage comme un excercice de style. On pourra revoir Mémoires de nos pères de Clint Eastwood ou le Redacted de Brian de Palma.