La grande muraille
Au XIe siècle, William Garin et Pero Tovar, deux aventuriers européens, cherchent à sortir clandestinement de Chine le secret de la poudre. Ils découvrent sur la Grande Muraille l’existence d’une armée d’élite chargée de protéger le pays contre les Tao Tei, des créatures monstrueuses. Les qualités au combat du tandem sont appréciées par leurs hôtes, mais le duo persiste dans son idée initiale. Garin, séduit par le courage des soldats qui l’entoure et par le charme de Lin Mae, une ravissante générale, va peu à peu épouser la cause des défenseurs de la Muraille.
Cette coproduction américano‑chinoise à très gros budget accumule les paradoxes, à commencer par une ampleur colossale des décors et des empoignades face à des enjeux narratifs très étriqués. Le récit multiplie les morceaux de bravoure originaux ‑trois grandes batailles très différentes‑ qu’il affaiblit avec des choix esthétiques dont le kitch laisse pantois.
La quasi‑totalité des meilleurs pros des trucages (ILM, Weta) a œuvré sur les effets spéciaux, mais si la muraille et les effets pyrotechniques ravissent, les fameux Tao Tei manquent furieusement de réalisme. L’excellent Pedro Pascal (Tovar), vu dans Game of Thrones, compose un personnage attrayant avec peu alors que la vedette Matt Damon (William), pourtant grand acteur, n’arrive de toute évidence jamais à cerner son personnage et donc à le jouer convenablement.
Le cinéaste Zhang Yimou lui‑même, capable de filmer avec art de monstrueuses empoignades (Hero) et de déployer une esthétique bluffante (Le secret des poignards volants), semble s’être laissé totalement dépasser par le fardeau des effets numériques grêvant 75% des plans de son film comme indiqué dans les bonus.
On se retrouve donc devant un curieux objet hybride, aussi insatisfaisant dans sa globalité que palpitant et occasionnellement grandiose dans certaines de ses péripéties. Un spectacle cossu qui se regarde sans ennui mais laissera un puissant arrière‑goût d’inabouti.