par Paco Altura
02 décembre 2017 - 19h01

La grande muraille

VO
The Great Wall
année
2016
Réalisateur
InterprètesMatt Damon, Jing Tian, Pedro Pascal, Andy Lau, Willem Dafoe, Zhang Hanyu
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Au XIe siècle, William Garin et Pero Tovar, deux aventuriers européens, cherchent à sortir clandestinement de Chine le secret de la poudre. Ils découvrent sur la Grande Muraille l’existence d’une armée d’élite chargée de protéger le pays contre les Tao Tei, des créatures monstrueuses. Les qualités au combat du tandem sont appréciées par leurs hôtes, mais le duo persiste dans son idée initiale. Garin, séduit par le courage des soldats qui l’entoure et par le charme de Lin Mae, une ravissante générale, va peu à peu épouser la cause des défenseurs de la Muraille.


Cette coproduction américano‑chinoise à très gros budget accumule les paradoxes, à commencer par une ampleur colossale des décors et des empoignades face à des enjeux narratifs très étriqués. Le récit multiplie les morceaux de bravoure originaux ‑trois grandes batailles très différentes‑ qu’il affaiblit avec des choix esthétiques dont le kitch laisse pantois.

 

La quasi‑totalité des meilleurs pros des trucages (ILM, Weta) a œuvré sur les effets spéciaux, mais si la muraille et les effets pyrotechniques ravissent, les fameux Tao Tei manquent furieusement de réalisme. L’excellent Pedro Pascal (Tovar), vu dans Game of Thrones, compose un personnage attrayant avec peu alors que la vedette Matt Damon (William), pourtant grand acteur, n’arrive de toute évidence jamais à cerner son personnage et donc à le jouer convenablement.

 

Le cinéaste Zhang Yimou lui‑même, capable de filmer avec art de monstrueuses empoignades (Hero) et de déployer une esthétique bluffante (Le secret des poignards volants), semble s’être laissé totalement dépasser par le fardeau des effets numériques grêvant 75% des plans de son film comme indiqué dans les bonus.


On se retrouve donc devant un curieux objet hybride, aussi insatisfaisant dans sa globalité que palpitant et occasionnellement grandiose dans certaines de ses péripéties. Un spectacle cossu qui se regarde sans ennui mais laissera un puissant arrière‑goût d’inabouti.

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The Great Wall
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
16/05/2017
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 103', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TruHD 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TruHD 7.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
Tchèque Dolby Digital 5.1
Polonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, espagnol, néerlandais, danois, finnois, norvégien, suédois, portugais, tchèque, polonais, grec
10
10
image

Il faut aimer le style un brin kitch des costumes, mais l'image est absolument magnifique tant en termes de détails, de colorimétrie que de contraste. C'était déjà le cas sur le Blu‑Ray, mais tout ici prend des proportions inédites et démesurées. Tourné avec des caméras Arri Alexa 65/Red Epic Dragon et après télécinéma 4K, le film semblait de toute façon taillé pour le format 4K UHD. 

 

Et ça commence très vite avec la première scène du film tournée dans les fameuses montagnes arc‑en‑ciel de la province de Gansu, à Zhangye Danxia. Ce haut lieu du tourisme local se pare ici de dégradés de couleurs absolument magnifiques, du rouge carmin au orange pop. Et ce n'est que le début, le film aligne ensuite les plans détonants dignes d'un jeu vidéo où costumes semblent sortis d'un pot de peinture, où les flèches des soldats chinois développent des couleurs tranchées hallucinantes, et ainsi de suite. Ou presque. Car avec un tel niveau de précision et de détail, certaines séquences dévoilent leurs limites, notamment les plans de la muraille de Chine reconstitués par ordinateur et tout à fait laids. Hormis certains effets spéciaux très visibles, le rendu est un must, complètement irréel mais impactant. Les amateurs de réalisme et de naturel détesteront.

 

Cela dit, c'est tout le film qui se voit ainsi upgraddé, même les plans en apparence basiques comme les remerciements du soldat sauvé par notre duo occidental, où rais de lumière et reflets cuivrés dans une pièce sombre et reculée inondent littéralement l'écran. 

 

 

10
10
son

Si la piste sonore s'avère à la fois spectaculaire, très pêchue au niveau de la musique signée Ramin Djawadi (Pacific Rim) et des effets, et particulièrement bien spatialisée tant en VF qu'en VOST, on fuira pourtant comme la peste la VF.

 

Cette dernière a en effet opté pour un choix artistique inepte. En VO, la plupart des dialogues sont en anglais mais les soldats et généraux chinois s'expriment évidemment dans leur langue d'origine. Cela conduit le personnage de Lin Mae (Jing Tian) à traduire, parfois d'ailleurs à « adapter » les propos tenus pour les deux aventuriers occidentaux. Pas en français ! On se retrouve ainsi avec des militaires chinois parlant en français et une « traductrice », la même Lin Mae, qui répète là encore dans la langue de Molière ce qui vient d'être dit !

 

Sinon, la bande‑son est riche d'une foultitude de détails avec des séquences d'action faisant montre d'un maelström sonore via entre autres une scène Surround extrêmement active, qui emporte l'adhésion de tous tellement l'immersion est réussie. C'est aussi l'occasion pour le caisson de basses de se rappeler à votre bon souvenir de la plus belle des manières, avec vrombissements,  grondements puissants et impactants à la clé (les combats contre les Tao Tei sont impressionnants de ce point de vue).

 

Le mixage Dolby Atmos apporte un plus sur des séquences précises (séquence des flèches sifflantes) avec des effets « hauteur » réussis mais il participe surtout à la densité, presque palpable, de la bulle sonore entourant le spectateur. Dernier point, les dialogues restent en toutes circonstances parfaitement audibles.

3
10
bonus
- Scènes coupées et versions longues (8')
- Matt Damon en Chine (2')
- Les effets visuels de la Grande Muraille (3')
- Homme contre monstre (9')
- Armes de guerre (3')
- La conception d'un univers spectaculaire
- Blu-Ray du film avec bonus

Des bonus qui se retrouvent sur la galette Blu‑Ray et qui ne traitent correctement aucun des sujets abordés. On est ainsi hyper‑frustré par le module éclair voué aux effets spéciaux pourtant innombrables du film. Idem pour les costumes. La section scènes coupées et versions longues n'a quant à elle ni queue ni tête.

 

Quelques informations à glaner néanmoins sur la difficulté de tournage avec des équipes parlant des langues différentes ou encore sur la fin totalement repensée du film. On aurait aussi apprécié que l'équipe défende ses choix très discutables sur les Tao Tei, inspirés des Taotie, des créatures ornementales existant depuis des millénaires dans le folklore chinois.

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