Valérian et la cité des mille planètes
On aurait adoré rendre hommage au travail incontestable de Luc Besson, à son savoir‑faire indéniable, à son talent (il l'a prouvé à maintes reprises), à sa vision qui le pousse depuis tant d'années à voir toujours plus grand (sa Cité du Cinéma à Saint‑Denis en est le plus parfait exemple). Peut‑être trop grand dans le cas de Valérian.
En réalisant Valérian et la cité des milles planètes d'après la BD de Christin et Mézières, Luc Besson n’a pas seulement fait le film le plus cher de toute l’histoire du cinéma français, il a aussi fait le film français le plus écolo, recyclant le cinéma des autres à la vitesse d’un gamin tapotant sur une tablette numérique : Avatar, Star Trek, Total Recall, Blade Runner, Edge of Tomorrow, Star Wars (les deux trilogies) et même Roger Rabbit, tout y passe. Pompage ou hommage, qu'importe, on n’a même pas le temps de tout référencer. Le problème, c’est qu’au passage, il en oublie de raconter une histoire claire, se déroulant au moins dans une unité de lieu. On comprend vaguement qu’il faut que nos deux héros sauvent une bébête qui « pond » par la carapace des perles magiques pour le salut de rescapés d’un génocide qui habitaient jadis sur une planète merveilleuse, mais dont les décors donnent l’impression que Mario et Luigi vont surgir en kart sur la plage à tout moment. So what ?
Au final, le film ressemble à une succession d’économiseurs d’écran Microsoft sans âme ni relief (on parlera de l'absence de HDR sur cette édition un peu plus loin). Les personnages sont à la même enseigne, sans chair, sans vie. Et ce ne sont pas les dialogues qui remontent la barre.
Si Luc Besson est bourré de talent, il semblerait qu'avec le temps qui passe, il ne sache plus raconter une histoire, enfermé depuis trop longtemps dans sa tour d'ivoire et ses succès passés. Manque d’humilité, d’écoute ? Peut‑être. Mais surtout manque d'ambition, dans le sens de se concentrer sur l'essentiel : une histoire avec des personnages à dimension humaine. Et dire que Luc Besson aurait pu faire quinze fois Le grand bleu avec le budget de Valérian. Un film d'enfant (trop gâté).