par Carole Lépinay
08 juillet 2022 - 12h47

Le charme discret de la bourgeoisie

année
1972
Réalisateur
InterprètesFernando Rey, Paul Frankeur, Jean-Pierre Cassel, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stéphane Audran
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Les Thévenot sont conviés à dîner chez les Sénéchal, mais une fois arrivés, Alice (Stéphane Audran), l’épouse du maître de maison (Jean‑Pierre Cassel), leur confie qu’il y a eu un malentendu quant au jour de l’invitation. S’ensuivent d’autres tentatives de dîners, inlassablement destinés à être raccourcis ou manqués…


Succès commercial en 1972, Le charme discret de la bourgeoisie réunit les motifs bunueliens au cœur d’un microcosme bourgeois qui ne manque ni de caractère (chaque situation cocasse ou absurde occasionne les dialogues savoureux de Jean‑Claude Carrière), ni de courage, l’enjeu étant de pouvoir manger enfin tranquillement, tandis que plusieurs phénomènes extérieurs s’acharnent contre cette initiative, pourtant si naturelle.

 

Après la méprise inaugurale chez les Sénéchal, la petite bande tente de sustenter à l’auberge, manque de pot, le corps du propriétaire est paré pour une cérémonie mortuaire dans une salle attenante. La mort comme horizon envisageable si les Thévenot/Sénéchal ne satisfont pas ce besoin vital ? Par ailleurs, la séquence récurrente dans laquelle ils avancent endimanchés sur une route de campagne ne les oriente‑t‑elle pas finalement vers une fin inexorable provoquée, en toute trivialité, par la faim ?


Comme à l’accoutumée chez Luis Buñuel, le banal confine à l’absurde, au charme discret de l’insolite.

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4k
blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
13/07/2022
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 101', toutes zones
1.66
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio mono (doublé)
Anglais DTS-HD Master Audio mono (doublé)
Allemand DTS-HD Master Audio mono (doublé)
sous-titres
Français pour sourds et malentendants, anglais, allemand
7
10
image

Le gain en lumière par rapport au Blu‑Ray est implacable, tout comme la montée en grade générale de ce 4K UHD labellisé HDR10. Restauré en 2022 à partir des négatifs 35 mm image et son, le film trouve une stabilité, une unité et une force inédites. Ce n'est bien sûr pas la précision des films les plus récents, mais encore une fois, la lumière, la définition, les décors et l'ambiance énigmatique sont sublimes dans cette nouvelle mouture. 

7
10
son

Les dialogues signés Jean‑Claude Carrière sont clairs et intelligibles, la bande‑son cristalline car dénuée de ses petits défauts et souffles d'antan. On entend parfaitement les oiseaux ou la cadence des pas décidés très symboliques. Une bonne piste mono doublé.

8
10
bonus
- Analyse critique du professeur Peter W. Evans (34')
- Interview de Jean-Claude Carrière (24')
- Analyse de trois séquences par Charles Tesson (20')
- Analyse de Charles Tesson (31')
- Bande-annonce originale
- Bande-annonce 2022
- Blu-Ray du film et bonus
- Livret de 23 pages

Le scénario originel débutait avec un meurtre exécuté par un notable et voué à se répéter indéfiniment. Toutefois, le tandem Jean‑Claude Carrière‑Buñuel (collaborateurs de longue date) séchait sur la progression des événements. Ce n'est autre qu'une anecdote tout à fait absurde du producteur Serge Silberman qui leur donna le déclic : la séquence inaugurale du dîner qui n'aura pas lieu s'inspirant de sa propre expérience. Après cinq versions et deux ans de travail du duo, le film fut prêt à être tourné.

 

Savoureux Jean‑Claude Carrière également lorsqu'il raconte (en anglais) son dîner chez George Cukor, découvrant avec Buñuel les autres convives une fois sur place : Alfred Hitchock, Robert Wilde, Billy Wilder…, bref, tout le panthéon du cinéma de l'époque.

 

Charles Tesson propose quant à lui des analyses filmiques inédites captivantes, dessinant en finigrane le portrait d'un cinéaste jusqu'ici inclassable.

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