par Jean-Baptiste Thoret
18 octobre 2017 - 12h12

Blade Runner

année
1982
Réalisateur
InterprètesHarrisson Ford, Rutger Hauer, Daryl Hannah, Sean Young
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Inspiré d'une nouvelle de Philip K. Dick, Blade Runner marque en 1982 une étape importante du cinéma de science‑fiction américain. Trois ans après Alien, Ridley Scott signe un film magistral qui fixera la plupart des codes esthétiques du genre (repris dans MatrixLe cinquième élément, Dark City et bien sûr magnifiés dans le Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve).

 

Los Angeles, 2019. Deckard (Harrison Ford) est un Blade Runner, un policier dont la mission consiste à traquer et à éliminer les Répliquants, des êtres artificiels à la durée de vie très brève. Quatre d’entre eux vont tenter de se dresser contre le cours des choses et partir en quête de leur véritable identité.

 

Pour la petite histoire, Warner organise en 1982 une projection‑test quelques jours avant sa sortie qui provoque des réactions plutôt négatives de la part du public. L’histoire est jugée incompréhensible, la fin trop ambiguë (Rachel disparaît dans un ascenseur et nous laisse dans le néant quant à sa relation avec Deckard). Ridley Scott s’exécute et opère les remaniements (fin, rêve de la licorne...). Sept ans plus tard, en 1989, un cinéma de Los Angeles demande au studio de lui prêter une copie du film. Étourderie ou bien préméditation, c’est une copie originale ‑d’avant la projection‑test‑ qui est livrée. C’est un succès et Warner sort en 1991 la version voulue par Ridley Scott.

 

Passé l'éblouissement provoqué par l'inventivité visuelle du film, Blade Runner soulève une question plus profonde sur la nature réelle de l'humanité. Un chef‑d'œuvre présenté ici pour la première fois dans une version Final Cut 4K. À se procurer d'urgence pour un prix dérisoire compte tenu de la Bible proposée (7 heures de bonus, les multiples versions du film et bien sûr l'indispensable disque 4K).

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4k
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
27/09/2017
image
1 UHD BD-66 + 2 BD-50 + 1 DVD-9, 117', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Allemand Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Portugais Dolby Digital 5.1
Tchèque Dolby Digital 5.1
Polonais Dolby Digital 5.1
Russe Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, allemand, italien pour sourds et malentendants, espagnol, néerlandais, portugais, arabe, tchèque, danois, finnois, norvégien, polonais, russe, suédois, turc, coréen, hellénique
10
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image

Notre seule crainte vu le nombre de séquences sombres et l'ambiance tout en clair‑obscur, c'était les inévitables fourmillements visibles en arrière‑plan. Nous avons vite été rassurés. Par le truchement de la 4K, l'image remasterisée à partir de films 35 mm et 65 mm (pour les effets spéciaux), respectivement scannés en 4K et 8K pour constituer un DI 4K (Digital Intermediate, soit un nouveau télécinéma), est de toute beauté. Et la photo de Jordan Cronenweth sublimée.

 

Alors bien sûr, tout n'est pas rose : le film commence à dater, la préservation des bobines n'était pas à l'époque aussi évoluée qu'aujourd'hui et, surtout, les masters n'étaient pas archivés comme de nos jours. Il a fallu retrouver les négatifs originaux, extraordinairement préservés d'une destruction programmée (cf. plus haut nos commentaires sur les bonus), pour procéder à une remasterisation complète, le tout supervisé par Ridley Scott en personne. Cela n'empêche donc pas un grain visible la plupart du temps, voire omniprésent sur quelques séquences, et des plans flous dont le défaut de mise au point est criant de vérité en Ultra HD/4K. De même, le HDR ajoute ici et là du bruit vidéo.

 

En contrepartie, le gain technique apporté par cette édition UHD/4K est tellement immense… Tout est upgradé : les couleurs fluo, les néons et les hologrammes qui inondent la nuit, la pluie qui s'abat sur la ville, les bâtiments en forme de pyramides monumentales de Tyrell, la moindre source de lumière, les contrastes et les noirs (quels noirs abyssaux !), les fonds de plan débouchés, les silhouettes plus marquées, le relief des matières enfin visibles (une surface autrefois lisse devient un mur de pierres aujourd'hui). C'est tout simplement fantastique. L'ambiance du film instaurée par les décors est ici magnifiée pour une immersion totale du spectateur.

 

En fait, tout semble presque normal, mais tout a changé. Et c'est en comparant plan par plan avec le Blu‑Ray simple du coffret que les progrès sautent aux yeux. Un avant/après impressionnant. La beauté du film est patente. À commencer par les gros plans, frais comme jamais. Sincèrement, après visionnage du disque Ultra HD Blu‑Ray, difficile d'apprécier le Blu‑Ray qui semble envahi d'un voile gris et triste qui éteint la dynamique de l'image. Alors même si ce dernier est exempt ou presque du grain de l'édition UHD/4K, le choix est vite fait : à la rédaction, on vote tous pour Blade Runner Ultra HD 4K !

10
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son

Si le spectacle de l'image apparaît impressionnant dès les premières secondes du film, que dire de la nouvelle bande‑son VO remasterisée elle aussi. Les anciennes versions stéréo, spatialisées en DPLII Movie (ça commence à dater !), ne sont plus qu'un vieux souvenir.

 

Place au Dolby Atmos, Attila du son derrière lequel rien ne repousse. L'envergure atteinte est inédite, la spatialisation repousse les murs de la salle Home Cinéma, la dynamique est superbe, les passages des nombreux engins aériens sont ressentis comme jamais tout au‑dessus de nos têtes et la musique de Vangelis plane littéralement dans la salle, sur toutes les enceintes, pour totalement remplir l'espace sonore. Certains effets ont été placés en hauteur et sont parfaitement « localisables » alors que le caisson fait preuve d'emphase sur la musique de Vangelis.

 

Là encore, comme pour l'image du Blu‑Ray comparé au 4K Ultra HD Blu‑Ray, entre la piste VO Dolby Atmos et la VF Dolby Digital 5.1, le choix est extrêmement vite fait. Aucune comparaison possible. Cela tombe bien, le jeu d'acteur est également totalement en faveur de la VO, allant même jusqu'à changer la perception des personnages par le spectateur (l'ambiguïté de Dekkard et le trouble de Rachel, sans parler du phrasé de Rutger Hauer).

 

Sachant que la bande originale du film était en stéréo, le résultat en Dolby Atmos est tout simplement stupéfiant, voire magique. Un exemple à montrer partout ‑et à suivre‑ de ce que peut (doit) être une remasterisation audio multicanale pour une redécouverte d'un film. Un must. Un gros, gros must !

 

 

10
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bonus
- Courte introduction de Ridley Scott (disque 4K) (1')
- Commentaires audio de Ridley Scott (disque 4K)
- Commentaires audio du scénariste producteur (disque 4K)
- Commentaires audio de l'équipe (disque 4K)
- Bande-annonce 4K remasterisée (disque 4K) (2')
- Copie de travail introduite par le réalisateur (disque 4K) (117')
- Photos (disque 4K)
- Making of en huit sections (214')
- Tous nos futurs possibles (29')
- Bonus supplémentaires : création, fabrication, longévité, scènes inédites, essais, entretien avec Philip K. Dick… (200')
- Livre de 72 pages (story-board, affiches, dessins…)

Moult versions disponibles (version salles US de 1982, version internationale de 1982, Director's Cut de 1991…) mais un passage obligé : le Final Cut Ultra HD Blu‑Ray 4K remasterisé. Un disque accompagné de trois commentaires audio en VO non sous‑titrée en français (!) et d'une courte présentation du réalisateur qui précise que ce sont bien les négatifs originaux image et son qui ont été utilisés et numérisés via un Digital Intermediate 4K. Sans conteste, la version préférée de Ridley Scott.

 

On continue avec 7 heures de bonus absolument addictifs. La genèse du film, l'historique des différentes versions et la restauration au long cours, jamais en manque de rebondissements épiques, sont narrés par les intervenants eux‑mêmes, dont Ridley Scott.  

 

Difficile de tout décrire, mais les anecdotes ne manquent pas, à commencer par la description du chaos qui régnait alors sur le tournage, Ridley Scott ayant à cœur de toujours repousser les limites (après cela, l'équipe ne voulait plus jamais faire de cinéma !). Un peu plus loin, on apprend que les bandes originales du film nécessaires à la remasterisation ont été retrouvées dans le « couloir de la mort » des bobines cinéma. Abandonnées sur des palettes pendant plus de dix ans, en attente de destruction (l'ordre écrit n'est jamais parvenu aux petites mains), elles furent miraculeusement récupérées et restaurées.

 

À ne pas manquer non plus, la plongée au cœur de la restauration du film, nombreux exemples à l'appui comme garder ou non « les fautes bien‑aimées » (toutes ces errreurs qui font partie intégrante du film, les personnages aux yeux bleux dans un plan, puis marrons le plan d'après). Ou le retournage d'une séquence vingt‑cinq ans plus tard pour intégrer le visage actuel de Joanna Cassidy (Zhora dans le film) sur le corps de sa doublure de l'époque. La différence est minime à l'image mais l'émotion intense pour cette dernière.  

 

Une véritable Bible. Et le mot n'est pas trop fort. Tout juste pouvons‑nous regretter que tous ces modules n'aient pas été remontés en un seul et vrai « film sur le film » pour une chronologie plus aisée.  

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