L'amant double
Souffrant de maux de ventre récurrents, Chloé (Marine Vacth) se tourne vers un psychiatre suite à des analyses médicales infructueuses. Au fil des consultations, le charme et la fragilité de la jeune femme ne laissent pas Paul Meyer (Jérémie Renier) indifférent, il lui avoue ses sentiments et finissent par emménager ensemble. Mais Chloé commence à douter de son conjoint, elle est convaincue qu’il lui cache l’existence d’un frère jumeau…
C’est du côté du fantasme féminin et seulement lui que François Ozon déroule les lignes serpentines de ce thriller psychologique. Imprégné des références hitchcockiennes dont son cinéma se repaît depuis vingt ans, L’amant double (inspiré d’une nouvelle de Joyce Carol Oates), référence au supposément frère jumeau de son (trop) lisse concubin, magnétise le corps frigide de Chloé jusqu’à son érotisation coupable. Louis Delord, jumeau dissimulé sous une version sombre, hypersexuée et machiavélique, arrive‑t‑il comme un exutoire clandestin dans la vie de cette jeune femme qui se cherche ? Sa fêlure intime serait‑elle plus identifiable si le corps s’exprimait à la place du monologue intarissable qu’exige une psychothérapie. D’ailleurs, Chloé prétend la poursuivre avec une collègue recommandée par Paul, celui‑ci ignorant évidemment les dessous de ces séances particulières…
Ozon entreprend un singulier voyage dans la psyché féminine, pourtant écourté par un usage insistant (ou ludique selon qu’on affectionne les devinettes pour cinéphiles aguerris) de situations sous influence. Ici, Vertigo cohabite avec Le Locataire de Polanski et Sœurs de sang du mentor maniériste Brian De Palma. Inégal.