American Gods saison 1
Ombre, condamné pour un casse, sort de prison pour enterrer sa femme Laura, morte dans un accident de voiture en même temps que son amant. Désemparé, Ombre accepte de devenir le garde du corps de Voyageur, un étrange escroc. Le tandem s’embarque dans un road‑trip à travers les États‑Unis qui va les mener auprès de divinités vivant cachées parmi les hommes et préparant une guerre céleste entre les anciens et nouveaux dieux. Laura, ressuscitée pour des raisons mystérieuses, se lance aux trousses de son mari pour le protéger et tenter de regagner son amour.
Mettons tout de suite les choses au clair : que vous ayez ou non déjà lu American Gods, le chef‑d’œuvre archiprimé de Neil Gaiman, n’a absolument aucune importance. Les lecteurs, s’ils ont un peu d’avance ‑notamment sur la véritable identité de Voyageur‑ par rapport aux autres, n’en seront pas moins surpris et même saisis par la fascinante création artistique qu’est cette série.
Dès ses premières minutes, American Gods déploie en effet une esthétique ultra‑léchée et extrêmement singulière. Cadrage, rythme (qui pourra en rebuter plus d'un), effets spéciaux, ambiance, tout est délice et originalité. Avec une exigence imposée au spectateur : celle d'être au départ dans la position du héros Ombre, c'est‑à‑dire de ne pas saisir immédiatement les enjeux et tous les événements.
Au milieu d'un casting impeccable, on notera plus particulièrement les performances absolument géniales d’un carré magique : Ian McShane (Voyageur), Emily Browning (Laura), Pablo Schreiber (Sweeney le dingue) et Yetide Badaki (Bilquis). Souvent inquiétant (la partie de dames avec Czernobog), parfois violent (la mort des servants de Technical boy), occasionnellement très érotique (la consommation d’amants par Bilquis), American Gods sait aussi être extrêmement drôle (premières heures de Laura ressuscitée) ainsi que poétique (la tempête de neige, Anubis venant chercher une décédée).
Voilà une série à la fois originale, multiculturelle, protéiforme (allers et retours présent‑passé expliquant l’arrivée des divinités aux Amériques avec leurs fidèles) mais surtout incroyablement maîtrisée tant dans son propos que son esthétique.
On ne peut malgré tout offrir un plébiscite total à American Gods. La série prend en effet beaucoup de soin, et de temps, à déployer son univers baroque et onirique. La chose est d’autant plus louable que ledit univers, peuplé de créatures et de divinités émanant de multiples cultures, n’est pas toujours évident à maîtriser. Ce temps imparti à planter le (splendide) décor et des personnages tous plus frappant les uns que les autres se joue néanmoins au détriment d’une véritable progression de l’intrigue. Celle‑ci n’évolue vraiment que dans les ultimes épisodes, mais laisse espérer, à coup sûr, une saison 2 d’anthologie.