par Carina Ramon
20 mars 2017 - 19h25

Premier contact

VO
Arrival
année
2016
Réalisateur
InterprètesAmy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Après le thriller (Prisoners, Enemy, 2013) et le drame guerrier (impressionnant Sicario, 2015), Denis Villeneuve tourne son premier film de science‑fiction et démontre sa capacité élastique à passer d'un genre à l'autre. Avec Premier contact (le titre original, Arrival, lui sied bien mieux), le cinéaste québécois raconte bien plus qu'une simple histoire d'invasion.

 

Alors qu'une douzaine d'immenses vaisseaux extraterrestres monolithiques (Kubrick, la référence absolue) prennent position aux quatre coins du globe et affolent le monde, la CIA fait appel à la linguiste Louise Banks (Amy Adams) pour tender d'entrer en contact avec les entitées jusqu'ici muettes et immobiles. Un duo se forme avec le scientifique Ian Donnelly (Jeremy Renner). Après un premier contact, Louise est assaillie par des visions récurrentes. Dans le même temps, la Chine bientôt emboîtée par d'autres nations rompent toute communication avec les vaisseaux et coupent le flux des données récultées par leurs équipes. La première réponse du monde à la présence extraterrestre se solde par l'ignorance et une déclaration de guerre.

 

À l'image de Gravity, odyssée intérieure féminine qui se terminait au plus près de son héroine dans l'élément aquatique, Premier contact téléscope l'infiniment grand, l'univers et ses habitants potentiels, et le voyage intime d'une femme dont on connaît dès le début le trauma qui la ronge. Deux trajectoires liées à un langage commun qu'il faudra développer dans l'urgence, alors que le monde sombre dans la paranaoïa et ne se comprend plus. 

 

À l'intérieur de l'antre qui n'est pas sans rappeler la maison de Louise (même cadrage horizontal, même ambiance ascètique), pas à pas, symbole après symbole, Denis Villeneuve filme l'apprentissage de ce langage vital aussi graphique que mystérieux, comme le premier élément d'une équation très malickienne dont l'inconnue humaine reste à déterminer. La découverte de celle‑ci, au mitan du film pour les plus perspicaces, nous renvoie alors au tout début de l'histoire. La boucle ‑le symbole‑ est bouclée.

 

De la grande et belle SF qui, parfois, en fait un peu trop (la dernière minute, longue), mais cache bien son jeu à l'image de ces heptapodes‑poulpes auquels on ne cesse, étrangement, de trouver des ressemblances avec les textures humaines. 

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cover
Arrival
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
12/04/2017
image
BD-50, 106', zone B
2.40
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Italien DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, arabe, néerlandais, italien
10
10
image

Brumeuse et vaporeuse, définitivement féminine, l'image de Premier contact paraît d'emblée mélancolique et désanchantée (les combinaisons oranges de l'armée sont quasiment les seules touches de couleur du film). Ce qui n'empêche pas la précision, la profondeur, le piqué et la définition.

 

Les apparitions des heptapodes sont « réalistes » si l'on peut dire, loin de toute démonstation de force technologique, presque poétiques, fugaces et insaisissables. En même temps, les prouesses au niveau des effets spéciaux sont bien visibles : l'apparition des immenses vaisseaux ancrent définitivement le film dans la SF, tout comme l'utilisation du langage extraterrestre, aussi complexe que cinégénique.

10
10
son

Entre le titre de Max Richter (The Nature of Daylight) et les compositions organiques et répétitives de l'Islandais Johnasson (il a aussi travaillé sur Sicario et Prisoners), Premier contact nous emmène dans un univers subtile et naturel, à la fois inquiétant et accueillant. Apparitions des heptapodes, flashs de Louise, les grands moments du film sont accompagnés de leur propre univers sonore dispatché avec emphase et ampleur sur les sept canaux en VO. 

 

Le film est aussi traversé par tout un attirail militaire (hélicos, avions de chasse, Jeep) appuyé par le caisson de basses qui renvoie à l'urgence de la situation. Une pression acoustique éparse qui enferme encore davantage les phases intimes dans leur cocon ouaté. On apprécie le détail et le réalisme accordés aux éléments a priori anondins : un vaisseau qui s'en va au loin par exemple ou les télécommunications chuchotées comme au creux de votre oreille. 

 

La VF DTS‑HD Master Audio 5.1 n'a pas cette capacité à diffuser tous les sons à leur place mais fait tout aussi bien en matière de dynamique et de richesse acoustique. 

7
10
bonus
- Langage extraterrestre : comprendre Premier contact (30')
- Retour éternel, la musique : la BO (11')
- Signature acoustique : la conception sonore (14')
- Réflexion non linéaire : processus de montage (11')
- Principes du temps, de la mémoire et du langage (15')

Il y a largement de quoi en savoir plus sur les intentions de Denis Villeneuve comme ne pas simplifier sa SF qualifiée « d'intellectuelle » par respect pour ses spectateurs. Il raconte également le processus qui a permis d'intégrer Amy Adams au casting, son choix N°1 pour le rôle principal. Cette dernière rend d'ailleurs hommage à Jeremy Renner, qui a bien voulu accepter un second rôle. Ce qui n'est pas donné à tous les mâles alpha de Hollywood.

 

Un autre module revient sur la bande‑son et le design sonore. Comment les notes de piano ont été empilées les unes sur les autres sur des bandes magnétiques par le compositeur islandais Jóhann Jóhannsson, sans attaque ni fin, afin de créer ce serpent organique sonore envoûtant dénué de mélodie. Même chose pour les voix et les percussions délicates, superposées afin de créer des ambiances organiques et intenses. Pour les sons affiliés aux heptapodes et leur environnement par exemple, le sound designer a mélangé des enregistrement de tremblements de terre, de vent et de glace. 

 

D'autres aspects techniques du montage sont abordés. Notamment le moyen de faire redécoller/disparaître les vaisseaux spaciaux à la fin du film. Dans l'ensemble une belle interactivé, que l'on aurait aimée toutefois plus « documentaire », moins racontée, et plus précise en ce qui concerne le language universel du film.

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