Divines
En banlieue parisienne, Dounia et son amie Maimouna rêvent de réussite. Dounia, en échec scolaire, se rapproche de Rebecca, une dealeuse locale qui accepte de lui confier des tâches de plus en plus dangereuses. Mais Dounia passe tout son temps libre à observer à la dérobée Djigui, un apprenti danseur, dont la sensualité l’émeut.
Divines n’est pas une énième équation cinéma/banlieue/filles/drogue. C’est une œuvre ouragan dont l’énergie classieuse renverse sur son passage tous les clichés, les a priori et les jugements de valeur, et compose de mémorables portraits féminins.
L’évidence, c’est le talent stupéfiant d’Oulaya Amamra (Dounia), une jeune comédienne dont le répertoire apparemment sans limites laisse espérer d’immenses choses dans les années à venir. Pour cette seule gemme, Divines aurait valu le déplacement.
Mais la réalisatrice Houda Benyamina profite de cette virtuose révélée pour créer un récit à la fois dense, intelligent, brutal, sensuel, subtilement social et assez gonflé pour ménager en prime de discrètes touches fantastiques. Sa mise en image paraît tout savoir capter : la beauté sauvage d’une jeune femme et ses contradictions, l’ambiance d’un quartier, la violence d’une agression, l’énergie d’une poursuite ou l’attraction magnétique des corps.
Servie par un casting irréprochable, Houda Benyamina excelle à déloger la beauté et le trouble dans les instants les plus incongrus et ne recule jamais à explorer les émotions les plus subtiles ou les plus explosives. Divines, Caméra d'or à Cannes, n’est vraiment pas « que » la découverte d’Oulaya Amamra, une prodigieuse soliste. Pour filer la métaphore musicale, c’est un grand orchestre qui sait ici propulser au sommet tous ses instruments afin de créer rien moins qu’un jalon artistique majeur.