par Carole Lépinay
10 février 2017 - 15h49

La colline a des yeux

VO
The Hills Have Eyes
année
1977
Réalisateur
InterprètesJohn Steadman, Janus Blythe, Peter Locke, Russ Grieve, Virginia Vincent, Robert Houston
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A
© 1977 BLOOD RELATIONS COMPANY. Tous droits réservés.
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Parcourant l'Amérique d'Est en Ouest à bord de sa caravane, la famille Carter décide de faire un détour par le désert du Nevada. Un incident mécanique la contraint à se séparer pour chercher des renforts, elle est alors loin de se douter que, tapie dans les rocheuses, une famille dégénérée observe ses moindres gestes...


Trois décennies précédant l'excellent remake éponyme d'Alexandre Aja (2006), Wes Craven, alors jeune cinéaste, s'inspirait d'un atroce fait divers survenu en Écosse et s'apprêtait, à l'instar de ses petits camarades de genre (John Carpenter, George A. Romero, Tobe Hooper), à redéfinir les codes du cinéma d'horreur.

 

Survival radical, La colline a des yeux fait exploser le surmoi d'une famille modèle américaine (trop) propre sur elle, pour la ramener vers sa nature primale. Un propos d'une telle violence à l'époque qui lui valut une classification X puis une interdiction aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte.

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blu-ray
cover
The Hills Have Eyes
- de 16 ans
Prix : 39,99 €
disponibilité
07/12/2016
image
2 Blu-Ray-50 + 1 DVD-9, 90', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0 (mono doublé)
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 (mono doublé)
sous-titres
Français
5
10
image

L'image 16 mm originale passée à la moulinette de la 4K (pour fêter le 40e anniversaire du film) apporte une stabilité inédite, c'est certain. Après des débuts toujours difficiles, la qualité générale va cresendo pour aboutir à des scènes de nuit très lisibles (et elles sont nombreuses) et à des couleurs boostées (vêtements, explosions, feu).

 

Beaucoup de défauts ont été éliminés, le grain typique a été atténué mais conservé (comment pouvait‑il en être autrement ?) pour, au final, proposer une séance moins « brute » qu'auparavant.

 

Impossible en revanche de faire monter la note finale tant le rendu reste loin de certaines autres restaurations mémorables. Mais comme il s'agit aussi de la meilleure copie du film disponible à ce jour, on accorde bien volontiers notre récompense « Must AVCesar.com » à cette copie inédite.

5
10
son

Du mono doublé à gauche et à droite pour un rendu plus impactant en VO. Le VF paraît lointaine, bien timide et ne colle pas au déchaînement de violence du film. Dialogues, explosions et musique sont nettement plus naturels et tranchants en VO.

8
10
bonus
- Commentaires audio de Wes Craven et son producteur Peter Locke (90')
- Commentaire audio des acteurs Michael Berryman, Janus Blythe, Susan Lanier et Martin Speer
- Fin alternative en HD (13')
- Wes Craven, grand réalisateur de Hollywood (26')
- Entretien avec Stéphane du Mesnildot, rédacteur aux Cahiers du cinéma (16')
- The Desert Sessions, entretien avec Don Peake le compositeur du film (11')
- Bêtisier et coulisses du tournage (19')
- Bandes-annonces
- Spot TV
- Livret de 200 pages
- La colline a des yeux 2 (1985) pour la première fois en Blu-Ray
- DVD du film original

C’est avec beaucoup d’humour et d’anecdotes croustillantes que Craven et son producteur reviennent sur leurs souvenirs de tournage. Deux New‑Yorkais rendus dans le désert américain pour une expérience cinéphilique complètement borderline, il faut dire que ce n’était pas courant à l’époque…

 

Wes Craven nous fait partager une parcelle de sa vie intime et professionnelle. Bercé par les productions Disney et les évangiles de l’Église baptiste, le futur « maître de l’horreur » grandit dans une famille puritaine et découvre le cinéma sur le tard, le coup de foudre opère. Il nous confie chacune de ses galères, entre les projets qui capotent et, pourtant, la résistance d’une furieuse énergie créatrice. Après l’écriture du scénario de Freddy, les griffes de la nuit, il n’hésite pas à revendre ses objets de valeur (dont ses guitares de collection) et hypothèque sa maison dans le but de réaliser son film.  


Il revient sur la saga Scream et sa collaboration avec le scénariste Kevin Williamson, le cinéaste croit fermement à l’adage « pas de bons films, sans bons scénarios ». Et dire qu’au départ, il n’était pas spécialement emballé par le projet… On apprend par ailleurs l’origine du masque qui singularise la formidable saga : posé sur un lit dans une maison de grand‑mère à Santa Rosa, celui-ci appartenait à un collectionneur de masques de Halloween. En menant sa petite enquête, Craven découvre que le masque est référencé depuis les années 50 par une petite entreprise familiale implantée en Nouvelle‑Angleterre.

 

Disparu le 30 août 2015, c’est avec beaucoup d’émotion que nous assistons à cette fin d’entretien, dans laquelle Wes Craven nous confie ne jamais revoir ses films (si toutefois l’occasion se présentait, il opterait davantage pour Les griffes de la nuit (un masterpiece très personnel et écrit sans commande), plutôt que La dernière maison sur la gauche qu’il juge trop crû et difficile. Les remerciements touchants à ses fans sont d’autant plus poignants à la fin du reportage. 

 

Stéphane du Mesnildot revient aussi aux origines du survival en citant une matrice incontournable : Les chasses du Comte Zaroff de 1932 (Irving Pichel, Ernest B. Schoedsack). Rattaché à l’espace et défini par une régression pulsionnelle, le genre s’épanouit dans le contexte tourmenté de l’Amérique des Seventies. À travers son analyse pointue, le critique relève les mythes fondateurs et les valeurs du pays, inversés puis malmenés avec beaucoup de pertinence (et d’ironie) dans le film de Craven. Le cinéaste redéfinit la préhistoire des États‑Unis, du socle des premiers Indiens, on passe à des créatures imaginaires pourtant façonnées par un modèle patriarcal. La famille dans toute sa splendeur dégénérée !

 

Don Peake, le compositeur de la fameuse bande originale dissonante de La colline, a été recruté dans un groupe de méditation. Il revendique l’idée d’une musique en phase avec l’image, bien qu’après le visionnage du film, il était incapable de travailler la nuit tant celui-ci l’avait terrifié. Le jour donc, il planche dessus dans son studio situé Wonderland Avenue (en face de chez Ray Manzarek, toute une époque…). Au départ, Wes Craven trouve la bande‑son horrible et complètement inaudible, Don Peake se défend en précisant qu’elle illustre parfaitement l’horreur distillée dans le film. On n’ira pas le contredire.

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