Da Vinci Code
Au moment où Anges et Démons s'affiche au cinéma, SPHE a la bonne idée de rééditer en Blu-Ray dans un format livre de bibliothèque, le Da Vinci Code adapté du roman éponyme de Dan Brown. Un film phénomène dont la planète entière a parlé pendant plusieurs années après le succès commercial exceptionnel du livre vendu à près de 40 millions d’exemplaires.
Voilà donc Robert Langdon (Tom Hanks), professeur à Harvard et spécialiste en « symbologie » qui, de passage à Paris, est appelé d'urgence au Louvre au milieu de la nuit. Jacques Saunière (Jean-Pierre Marielle), le conservateur du musée, a été retrouvé assassiné au milieu de la Grande Galerie. Autour de son cadavre, le commissaire Bézu Fache (quel nom quand même pour le pauvre Jean Reno) a trouvé un message codé. Langdon et Sophie Neveu (Audrey Tautou), une jeune cryptographe, vont rapidement découvrir que le message laissé par Saunière n’est que le point de départ d’un immense jeu de piste codé menant à un secret remettant en cause le fondement même de la Chrétienté.
Primo : Jésus se serait marié avec Marie-Madeleine. Secundo : ils auraient eu une fille dont la descendance est à l’origine de la lignée mérovingienne des rois de France. Tertio : le Vatican serait au courant de l’affaire depuis le début, mais l’aurait volontairement caché afin d’asseoir un pouvoir patriarcal et supprimer le culte du « féminin sacré » de la religion païenne préchrétienne. Quattro : seule la société secrète du Prieuré de Sion connaîtrait la vérité et l’aurait transmise à quelques initiés, devenus par la force des choses les cibles de l’Église catholique et de ses milices tueuses, notamment l’Opus Dei. Voilà en gros pour la toile de fond.
En condensant les 500 pages du roman, scénaristes et réalisateur ont bien entendu dû faire des choix et aller à l’essentiel. Ce sont malheureusement les deux personnages principaux qui sont les premiers à souffrir de ce travail de synthèse. Audrey Tautou et Tom Hanks ont ainsi beaucoup de mal à prendre de l’épaisseur. Mais heureusement, comme avec le bouquin, on finit par croire à tous ces événements et par penser que tous les éléments inventés appartiennent réellement à l’Histoire. L’Église a-t-elle réellement manipulé les Évangiles pour cacher les noces de Jésus et de Marie-Madeleine ? L’Opus Dei est-il une société secrète influente de moines qui tuent et se flagellent (voir Paul Bettany en moine SM pas piqué des hannetons) ? Un sondage Ipsos révélait à l'époque que 30% des Français étaient persuadés que les théories développées par Dan Brown, et relayées par ses personnages, étaient « totalement vraies » ou « plutôt vraies ». Un autre sondage réalisé par BVA pour Science & Vie précisait également que 30% des Français étaient prêts à croire que le Da Vinci Code s’inspirait de faits réels (24% en étant même tout à fait convaincus !).
C’est donc la force du livre et aussi celle du film : nous « faire croire » que tout est vrai. Malgré des débuts poussifs où la découverte d’indices tirés par les cheveux alterne avec des séquences d’action fumeuses (la course-poursuite dans Paris en marche arrière est filmée en dépit du bon sens), la seconde partie de cette chasse au trésor conduite par le personnage de Leigh Teabing (formidable Ian McKellen, le Gandalf de Peter Jackson) s’avère bien plus claire, lisible, riche et passionnante. Le film souffre évidemment des attentes amplifiées par la médiatisation du projet, mais reste malgré tout une agréable enquête historique illustrée par des nombreux flash-back permettant aux spectateurs de mieux se repérer dans le temps et l’Histoire.
Malgré la réussite de son montage cinéma, Ron Howard propose pourtant sur ce double Blu-Ray une version nourrie de 25 minutes supplémentaires inédites. Un peu comme si l’événement cinématographique ne pouvait raisonnablement pas se contenter de sa simple et édulcorée version « salles », pour mieux exister sur support numérique. Le résultat est loin d’être opportuniste et n’est pas qu’une accroche commerciale supplémentaire. Ce nouveau montage permet en effet aux personnages de s’inscrire dans un contexte moins bourratif et plus vraisemblable dans le développement de l’intrigue. Ainsi, la pertinence de certaines révélations, la densité des personnages et surtout la fin du film prennent une dimension onirique salvatrice. Ce nouveau montage est d’autant plus réussi qu’il ne se voit pas. Les scènes s’enchaînent sans problème tant et si bien qu’on se demande comment le réalisateur a organisé ses choix sur la table de montage. Cela dit, ceux qui ont détesté la version salles ne seront pas chavirés par ce nouvel exercice. Mais il serait malhonnête de ne pas y voir un meilleur traitement cinématographique du roman de Dan Brown, de ses personnages et de son intrigue. Les fans seront servis et ravis.