Les 8 Salopards
Post‑guerre de Sécession. Alors qu’un puissant blizzard souffle sur le Wyoming, John Ruth est obligé de mettre sa diligence à l’abri dans une auberge déjà occupée par de curieux personnages. La dangereuse criminelle Daisy Domergue et deux autres passagers rencontrés sur la route l'accompagnent.
Malgré un thème très proche, Les 8 Salopards n'est malheureusement pas le pendant du génial Django Unchained. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, et malgré tout le mal que le réalisateur et son équipe se sont donné pour pouvoir projeter ce film en 70 mm Ultra Panavision dans moins d'une centaine de salles dans le monde, Quentin Tarantino semble cette fois avoir oublié ses spectateurs. Comme si la réalisation de tous ses désirs et ses fantasmes, ses allégories douteuses, ses auto‑citations permanentes et ses exigences techniques assouvies (format, cadre, lumière) avaient fait de lui un mogul enfermé dans sa tour de verre.
La chose était déjà palpable dans //www.avcesar.com/test/dvd/id-1581/coffret-grindhouse-planete-terreur-boulevard-de-la-mort.html:Boulevard de la mort (2007, déjà avec Kurt Russel), elle est cette fois patente : à force de se répéter, de ressasser ses lubies, son cinéma ébouriffant se neutralise peu à peu.
La faute en incombe à un scénario d'une banalité affligeante, redite théâtrale de Reservoir Dogs. Certes, les références aux classiques du genre (le western) sont nombreuses, mais cette autosatisfaction affichée peine à nous faire oublier les deux premiers tiers du film, noyés dans des dialogues boursouflés, peu inspirés. Après le vulgaire et l'ennui, la violence gore surgit. Juste de quoi nous faire ouvrir un œil torve, engourdi par trois heures de caprices d’un cinéaste qui se prend les pieds dans son propre tapis. Soulagement, le film se termine enfin, laissant la désagréable impression d’avoir perdu au passage un réalisateur dont on avait adoré la majorité des films précédents.