Knight of Cups
Scénariste réputé à Hollywood, Rick (Christian Bale) enchaîne les tournages comme les fêtes somptueuses, passe de jolies femmes en idylles contrariées, avec une déconnexion toute en apesanteur.
Par le biais d’une odyssée intimiste, chapitrée selon le nom des cartes de Tarot, Terrence Malick (À la merveille, The Tree of Life) nous convie dans les arcanes de la Cité des Anges, hypnotique et désertée. Toutefois, l’invitation au voyage ne s’accomplit que si l’on renonce à une lecture linéaire de ce poème‑mystère.
Entre divagations philosophiques et projection fragmentée d’une existence creuse, dont le héros encourage la dissolution à coups de bitures et ruptures, Knight of Cups érige jusqu’à l’abandon une mosaïque de clichés‑souvenirs. Ainsi, des parcelles d’unions consumées précèdent la réminiscence duveteuse de l’enfance, tandis que les grands espaces (magnifiquement photographiés par Emmanuel Lubezki, Gravity, The Revenant) abritent la solitude métaphysique de Rick.
À travers les confessions énigmatiques de son alter ego, Malick interroge à nouveau la place de l’homme et du monde, envisagés via un prisme multitemporel insaisissable. Christian Bale, Cate Blanchett, Natalie Portman, Antonio Banderas, Freida Pinto composent cette curiosité expérimentale, sous la direction d’un cinéaste affranchi des produits formatés hollywoodiens, sorte de petit poucet septuagénaire mais rêveur, lequel sème des images sensorielles en ne révélant jamais leur essence ni leurs secrets.