The Big Short (Le casse du siècle)
Comment expliquer la crise mondiale de 2008 aux Américains, celle des subprimes et des prêts immobiliers toxiques qui mirent sur la paille 8 millions de travailleurs américains, à la rue des familles entières et six pieds sous terre tous ceux et celles pour qui l'arnaque était décidément trop grosse à avaler ? Aux Américains et au reste du monde d'ailleurs, puisque personne ou presque ne sera épargné : de l'Islande (le pays a frôlé la faillite) à l'Espagne en passant par le Portugal, l'Italie, la France ou encore le Japon.
Comment expliquer tout un pan de l'économie mondiale, le cynisme des banques, des agences de notation (littéralement aveugles), des traders et de tous ceux qui prospèrent ‑et prospèreront‑ à Wall Street sur le malheur des autres ? Enfin, comment faire un film sur un sujet si complexe que seuls les étudiants en économie et leurs professeurs prennent un malin plaisir à décortiquer ?
Réponse : en vulgarisant suffisamment par diverses astuces sexy et gourmandes, en n'oubliant pas d'être drôle (Adam McKay sait faire, Frangins malgré eux, c'est lui !), surtout, en calant son pas sur celui de deux paires d'as de la finance qui, de l'intérieur et en brisant allègrement le « quatrième mur » (le narrateur s'adresse directement aux spectateurs), vont découvrir en même temps que nous le pot‑aux‑roses et s'évertuer à le rationaliser pour mieux en profiter. L'un aura des remords, l'autre essaiera de lancer l'alerte, mais tous profiteront à millions de leur extrême clairvoyance sur un système vicié sur le point de s'écrouler.
Adam McKay livre un docu‑fiction hautement informatif tout en se retenant d'ériger en héros des pistoleros de la haute finance. Parfois obscure mais fascinant.