Maggie
Dans un monde dévoré par un virus vorace, un père veuf, Wade, retrouve sa fille fugueuse, Maggie. Celle-ci, contaminée, va hélas rejoindre à brève échéance les quelques zombies qui ont échappé à l'armée. Bien que l'issue de la maladie de sa fille ne fasse aucun doute, Wade ramène Maggie à la ferme familiale pour vivre encore quelques jours avec elle.
L'épidémie zombie à peine esquissée n'est ici clairement qu'un prétexte visuel à un drame familial minimaliste. Les amateurs de The Walking Dead ou des films de Romero passeront donc leur chemin. Les fans du Schwarzy des années 80 aussi. Car Schwarzenegger (Wade) ne va ici sauver ni le monde ni personne, mais simplement tenter de profiter des derniers feux de sa fille, sur le point de disparaître.
Contre toute attente, celui qu'on surnommait jadis le « chêne autrichien » incarne avec conviction et sans excès de pathos un personnage vulnérable, sensible, marqué par le deuil et manifestement incapable d'affronter l'issue fatale qui s'annonce. Schwarzenegger tient là le rôle le plus riche et ‑il le dit lui‑même dans les bonus‑ le plus humain de sa carrière. Sa performance est surprenante et émouvante, tout comme d'ailleurs celle d'Abigail Breslin (Maggie) qui sait garder à son personnage d'ado condamnée une vraie charge émotionnelle malgré un maquillage de plus en plus éprouvant à mesure qu'avance la zombification.
L'esthétique crépusculaire choisie par le réalisateur Henry Hobson est sinon subtile, en tout cas cohérente et bien ouvragée. Néanmoins, le film ne convainc pas totalement, souffrant de défauts de construction qui lézardent sa construction. D'une part, la relation Wade/Maggie aurait mérité d'être plus dense et nourrie. On esquisse plus qu'on n'expérimente les relations entre Wade et sa fille. Le film s'égare aussi un moment dans la chronique adolescente et escamote temporairement ‑et selon nous très malencontreusement‑ le personnage central du père à un moment crucial de la narration.
Si Henry Hobson réussit avec beaucoup de sensibilité un final déchirant et surprenant, son récit ne se remet jamais complètement de ce gros trou d'air momentané. Et la chose est fort dommage au regard des efforts remarquables consentis par Arnold Schwarzenegger et Abigail Breslin.