Still Alice
Alice Howland (Julianne Moore) est une quinquagénaire comblée. Mère de trois enfants déjà bien intégrés professionnellement et épouse d’un chercheur en biologie (Alec Baldwin), elle enseigne la linguistique à l’université de Columbia. Un jour, alors qu’elle fait son footing, elle éprouve une perte de repères temporaire. Sa mémoire lui fait aussi régulièrement défaut. Après une IRM et un PET-scan, le verdict est sans appel : elle est atteinte d’un Alzheimer précoce.
L’ultime souhait de Richard Glatzer, décédé de la maladie de Charcot en mars dernier, fut réalisé en collaboration avec son époux Wash Westmoreland. On retrouve ainsi une dimension fortement autobiographique à travers ce drame de la dégénérescence cellulaire, porté par l’incroyable prestation de Julianne Moore (multi-récompensée à juste titre aux Oscars, BAFTA et Golden Globe).
La progressive descente vers l’oubli de la protagoniste s’accompagne paradoxalement d’une subite prise de conscience d’un patrimoine génétique arbitraire légué à ses enfants. Car la transmission, qu’elle soit pernicieuse ou manquée, parcourt le film à travers les séquences bouleversantes d’une visite à l’hôpital, tandis que l’aînée de la famille, porteuse du gêne défaillant, vient d’accoucher. Ou encore de flashs accrochés à l’image d’une mère et d’une petite sœur disparues trop tôt.
Il subsiste également de cette ancienne professeure de linguistique, l’ironie d’un discours rédigé et corrigé maintes fois, puis surligné au fil de la lecture face à une assemblée en émoi, parce que la maladie ne lui permet ni la reconnaissance des mots, ni la conscience d’un mal incurable, grignotant lentement mais cruellement (l’érosion même de son identité n’échappant pas aux proches mais au patient) ses souvenirs, puis un matin les dernières miettes d’une humanité qui précède l’état végétatif. Dévastateur.