La famille Bélier
Chez les parents Bélier (Viard, Damiens, excellents), tout est bouillonnant, de leur déco à leur libido. Un peu comme si tous leurs sens étaient en perpétuelle ébullition. Tous leurs sens sauf un, l'ouïe.
Loin de considérer leur handicap auditif comme un frein, ils sont sur le point de s'engager en politique au niveau local et peuvent compter sur leur fille aînée Paula, seule entendante de la maison, pour manœuvrer au quotidien avec la banque, la coopérative agricole et même le médecin de famille qui, dans une scène assez géniale, passe par la jeune fille pour traduire ses recommandations aux parents en langue des signes : « pas de sexe pendant quinze jours, bien passer la crème partout… ». C'est sans doute la partie la plus réussie du film, drôle, atypique, survoltée, presque Farrellienne (le chien de la famille est le sosie de celui de Mary à tout prix) et joli portrait de sourds bien dans leurs baskets, sans pathos ni circonvolutions.
L'autre partie plus convenue, c'est celle de Paula (Louane Emera, naturelle), véritable pilier de cette tribu un brin hystéro qui aspire à un peu d'air frais. C'est du côté de la chorale de l'école qu'elle va trouver sa voix(e) et parvenir doucement à prendre son envol sur des airs de Michel Sardou imposés par Monsieur Thomasson (Éric Elmosnino, parfait), le prof de musique rugueux au grand cœur.
Quelque part entre Les choristes, The Voice et Le bonheur est dans le pré, Éric Lartigau brosse une comédie au goût d'antan qui ne souffre d'aucune fausse note. Sage mais efficace.