Crime et châtiment
René Brunel (Robert Hossein), jeune étudiant désargenté, ne supporte ni sa condition, ni l’idée que sa jeune sœur doive consentir à un mariage de raison avec un vieil antiquaire lubrique (Bernard Blier, remarquable). Dans un accès de rage et de désespoir, il assassine une usurière afin de lui dérober son argent et ses bijoux. Très vite rongé par le remords, il avoue son crime à Lili (Marina Vlady), une jeune prostituée dont il s’éprend.
Georges Lampin, cinéaste encore trop méconnu à qui l’on doit le mélodrame criminel Éternel conflit en 1948, mais aussi un film à sketches aux côtés de Henri‑Georges Clouzot intitulé Retour à la vie, ou encore une adaptation nostalgique du roman de Pierre Véry Les anciens de Saint‑Loup (1950), déplace le Saint‑Pétersbourg dostoïevskien du XIXe siècle dans un Paris marqué, à son tour, par une certaine hiérarchie des classes. La misère sociale pousse donc Lili, René (notre Raskolnikov français) et sa sœur Nicole (Ulla Jacobsson) à commettre des actes répréhensibles contre leur gré.
Fidèle aux thématiques sociales et religieuses qui jalonnent le chef‑d’œuvre russe, le scénario innove surtout grâce à sa transposition à l'époque moderne. Claude Renoir, en charge de la photographie, enveloppe les bas‑fonds et les berges de la capitale d’un éclairage qui passe du ouaté à l’intense, comme si le réalisme du propos conjuguait paradoxalement avec la perception tourmentée de Brunel/Hossein.