Gone Girl
Au moment de fêter son cinquième anniversaire de mariage, Amy Dunne (Rosamund Pike, excellente) disparaît. Son mari, Nick Dunne (Ben Affleck, parfait dans le rôle) prévient la police. Pour les autorités et la presse, son comportement semble étrange et le couple qu’il formait avec Amy n’est pas aussi parfait qu’il veut bien le laisser entendre. Très vite, Nick est soupçonné d’avoir tué sa femme.
Après Millénium (2012), Fincher s'attaque une nouvelle fois à l'adaptation d’un roman original (Les apparences de Gillian Flynn) pour se le réapproprier littéralement telle une araignée tissant sa toile, élégamment, méticuleusement, patiemment, avec une précision diabolique. Les décors sont superbes mais glaçants, les attitudes aussi décontractées qu'inquiétantes… Sous le vernis des apparences, les vérités ne vont pas tarder à percer.
Et puis Fincher, en plein milieu du film et au bout d'un tunnel narratif de 20 minutes, inverse le miroir, le point de vue de son histoire, un exercice qui aurait pu tout flanquer par terre mais touche ici au sublime. Les faux-semblants sont trompeurs et Fincher en profite pour dresser le portrait terriblement acide de la société dans laquelle on vit, avant de faire basculer une dernière fois son film au cours du troisième et dernier acte dans une folie et un cynisme absolus.
À l’instar de la presse que Fincher crucifie sur place dans deux séquences magnifiques, Gone Girl souligne la dépendance aux apparences, l'allégeance au reflet social, quel que soit le prix à payer. Le réalisateur en profite pour offrir à Ben Affleck un de ses meilleurs rôles et à Rosamund Pike celui d’un personnage hitchcockien aussi implacable que séduisant.
Gone Girl est un chef‑d’œuvre de maîtrise. Le Fincher de Zodiac is back.