par Cédric Melon
22 janvier 2015 - 09h32

Un homme très recherché

VO
A Most Wanted Man
année
2014
Réalisateur
InterprètesPhilip Seymour Hoffman, Rachel McAdams, Grigoriy Dobrygin, Robin Wright, Willem Dafoe
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Un homme très recherché est l'adaptation du thriller éponyme du Britannique John le Carré. C’est aussi, malheureusement, le dernier film de Philip Seymour Hoffman (décédé le 2 février 2014, peu de temps après la présentation du long métrage au Festival de Sundance).

Réalisé de main de maître par le Néerlandais Anton Corbijn (photographe, directeur artistique et réalisateur pour Depeche Mode entre autres), il met en scène le contexte « de guerre » entre les services secrets américains et allemands dix ans après le 11 septembre 2001.

Tandis que la ville de Hambourg ne se remet toujours pas d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center, les services US et allemands s’intéressent à un immigré d’origine russo‑tchétchène qui vient de débarquer dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père. Véritables intentions sans arrière‑pensées ou attentats en préparation, tous sont en alerte.

Thriller paranoïaque d’espionnage dont le thème rattrape les tristes faits récents qui se sont déroulés en France (et les problèmes de communication entre USA et France qui les ont précédés), le récit imaginé par John le Carré regorge de petits détails qui font la grande histoire, et surtout la rendent crédible.

Scène après scène, le film est surtout habité par la présence charismatique et fascinante de Philip Seymour Hoffman. Massif et taiseux, en un geste, un regard, une phrase, il inquiète, hypnotise, effraie et touche en espion abîmé par la vie et trente ans de service. Chaque scène où il apparaît, il se l’approprie littéralement, et il n’y a guère que Robin Wright et Willem Dafoe pour se hisser à sa hauteur. C'est d'ailleurs là la limite du film. Le couple incarné par Grioriy Dobrygin et, dans une moindre mesure, par Rachel McAdams, est en deçà du reste du casting.

Mais la mise en scène de Anton Corbijn (The American) et sa photographie remarquables confèrent à l’ensemble une patte assez exceptionnelle. On n’est pas passés loin du très grand film de complot singulièrement paranoïaque. Il reste quand même un très grand Philip Seymour Hoffman, qui nous manque déjà.

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A Most Wanted Man
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
21/01/2015
image
BD-50, 121', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français imposé sur la VO, français pour sourds et malentendants
10
10
image
On sait depuis des années que le photographe Anton Corbijn est un façonneur d'image hors pair. Celui qui est à l'origine de « l'image » du groupe Depeche Mode, et qui met brillamment en scène ses concerts depuis de nombreuses années, livre ici une copie sans fausse note, maîtrisée de bout en bout. Cadrage au cordeau, mouvement au sein même de l'image, couleurs automnales riches et profondes, travail sur l'intégration de l'architecture de la ville dans le film, jeu des reflets et des lumières, pureté des lignes… tout concourt à marquer la rétine. Master HD obligatoire pour profiter de cette image de haute volée, naviguant à cent coudées au‑dessus de la production actuelle.
7
10
son
Là encore, VO plus que conseillée (la VF affiche un débit supérieur, mais cela ne s'entend pas). Se passer du jeu original de Philip Seymour Hoffman serait une grande erreur, le film reposant intégralement ou presque sur ses épaules. Le comédien livre d'ailleurs à plusieurs reprises des performances qui emportent littéralement le film vers les plus hautes cimes. Le film sait aussi prendre son temps, imposer sa cadence lancinante et son atmosphère presque dépouillée. N'ayez crainte, ambiances et immersion garanties malgré cette absence de surenchère sonore.
7
10
bonus
- Making of (16')
- John le Carré à Hambourg (10')
D'excellents bonus, concis et efficaces. Le réalisateur Anton Corbijn loue bien évidemment le travail du comédien disparu Philip Seymour Hoffman, lui‑même d'une humilité désarmante. Mais tous les segments du film sont abordés sous un angle didactique : les différents thèmes sous-jacents, les personnages et le travail de John le Carré autour de la ville allemande de Hambourg. Instructif.
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