Un homme très recherché
Un homme très recherché est l'adaptation du thriller éponyme du Britannique John le Carré. C’est aussi, malheureusement, le dernier film de Philip Seymour Hoffman (décédé le 2 février 2014, peu de temps après la présentation du long métrage au Festival de Sundance).
Réalisé de main de maître par le Néerlandais Anton Corbijn (photographe, directeur artistique et réalisateur pour Depeche Mode entre autres), il met en scène le contexte « de guerre » entre les services secrets américains et allemands dix ans après le 11 septembre 2001.
Tandis que la ville de Hambourg ne se remet toujours pas d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center, les services US et allemands s’intéressent à un immigré d’origine russo‑tchétchène qui vient de débarquer dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père. Véritables intentions sans arrière‑pensées ou attentats en préparation, tous sont en alerte.
Thriller paranoïaque d’espionnage dont le thème rattrape les tristes faits récents qui se sont déroulés en France (et les problèmes de communication entre USA et France qui les ont précédés), le récit imaginé par John le Carré regorge de petits détails qui font la grande histoire, et surtout la rendent crédible.
Scène après scène, le film est surtout habité par la présence charismatique et fascinante de Philip Seymour Hoffman. Massif et taiseux, en un geste, un regard, une phrase, il inquiète, hypnotise, effraie et touche en espion abîmé par la vie et trente ans de service. Chaque scène où il apparaît, il se l’approprie littéralement, et il n’y a guère que Robin Wright et Willem Dafoe pour se hisser à sa hauteur. C'est d'ailleurs là la limite du film. Le couple incarné par Grioriy Dobrygin et, dans une moindre mesure, par Rachel McAdams, est en deçà du reste du casting.
Mais la mise en scène de Anton Corbijn (The American) et sa photographie remarquables confèrent à l’ensemble une patte assez exceptionnelle. On n’est pas passés loin du très grand film de complot singulièrement paranoïaque. Il reste quand même un très grand Philip Seymour Hoffman, qui nous manque déjà.