Locke
Avec Locke, Steven Knight réalise un véritable tour de force. Celui de scotcher le spectateur à l'écran avec, comme seul décor, un pauvre bougre dans sa voiture, roulant de nuit sur une autoroute anglaise, en train de se démener par téléphone avec ses problèmes personnels et professionnels.
Ce type, c'est Ivan Locke, responsable de chantier connu et respecté, mari et père de famille sans faille. À la veille d'une journée décisive pour sa carrière (une livraison de béton pour la construction d'un énorme ouvrage), il quitte son bureau et au premier feu hésite : en prenant à gauche, il rentre chez lui. Mais en tournant à droite, il dit la vérité et assume tout. Y compris la naissance de l'enfant de sa maîtresse d'un soir.
Éclairé par les néons orangés de l'autoroute, Tom Hardy livre une composition incroyablement juste et humaine. En jonglant avec ses problèmes (il appelle tour à tour la maternité, sa femme, ses enfants, son collègue qui va gérer la livraison à sa place le lendemain, etc.) et en prenant la décision de tout réparer, Ivan Locke (il pensait évidemment avoir tout « verrouillé » dans sa vie) nous embarque dans une virée nocturne dont on ne ressort pas indemne.