Robocop
Commençons par répondre à la question qui fâche : quel intérêt à produire aujourd’hui le remake d’un film de 1987, Robocop, classique de la série B hargneuse et pamphlétaire réalisé par l’inimitable Paul Verhoeven ? Aucun bien sûr, sinon de capitaliser sur un titre qui allume dans l’esprit du jeune spectateur quelques lanternes et de permettre à un jeune réalisateur d’origine mexicaine, José Padhila, de se faire la main pour son entrée à Hollywood.
Si l’argument est resté le même (un cyborg mi‑homme mi‑machine est créé par une entreprise de sécurité afin de faire régner la paix dans les rues de Detroit), ce remake de Robocop n’emprunte pas le même chemin que son illustre aîné. À commencer par la séquence mythique du film de Verhoeven dans laquelle l’inspecteur Murphy (Peter Weller) était déchiqueté par un gang de la ville et rendu (presque) mort à sa femme et son fils. Padhila, lui, substitue à cette séquence inaugurale une simple explosion de voiture, modernise la situation (le prologue post 11‑septembre dans un pays du Proche‑Orient avec des robots pacificateurs et des médias de type Fox News à la botte sécuritaire des Conservateurs), et centre l’essentiel de son film sur la relation prométhéenne et tourmentée entre son créateur (très bon Gary Oldman) et sa créature (Joel Kinnaman, peu convaincant).
Le désir de ne pas raboter la part politique du Robocop de Verhoeven est à mettre au crédit de ce film qui, contre l’enchaînement un peu bêta et attendu de gunfights, préfère ralentir son rythme et creuser le sillon psychologique de son film. La séquence où Murphy découvre ce qui reste de lui sous l’armure, c’est‑à‑dire pas grand‑chose hormis une trachée, un visage et une paire de poumons, offre une vision troublante et signale combien cet honnête remake relève plus du tragique que de la SF. Une semi‑surprise.