La reine des neiges
Anna, jeune princesse, tente de retrouver sa sœur, la reine Elsa, avec l’aide du montagnard Kristoff et son renne Sven. Elsa, détentrice d’une puissante magie des glaces qu’elle contrôle mal, a en effet plongé sans le vouloir son royaume d’Arendelle dans un hiver éternel.
Dès le début, on a la certitude d'assister à un dessin animé d’une qualité exceptionnelle. Le travail réalisé par les animateurs sur l’ensemble des textures, et tout particulièrement la neige et la glace, est stupéfiant de grâce, de finesse et de beauté. L'équipe visuelle de La reine des neiges a réussi rien moins qu'une œuvre historique, un jalon de l'animation numérique justement récompensé aux Oscars.
Les très nombreuses chansons (oui, il n’y a pas que Libérée, délivrée dans le film !), orchestrées avec art et fort bien tournées en français, font vite oublier qu’Anna ressemble à une Raiponce au nez rosi par le froid et que Sven, le renne, n’est qu’une version à ramure du cheval Maximus du même Raiponce.
Enveloppée dans un écrin graphique splendide ‑à un détail près, nous y reviendrons plus loin‑ la grande tradition des dessins animés chantés de Disney a donc fière allure. On est par ailleurs ravis que les réalisateurs Chris Buck et Jennifer Lee aient choisi de poursuivre « l’esprit Raiponce » en offrant aux petites filles non pas une héroïne passive, mais une jeune femme moderne (Anna) dégourdie, volontaire et fantaisiste, qui sait prendre son destin en main, et celui de sa sœur.
En somme, tous les voyants sont au vert… sauf peut‑être du côté scénario. Car si le film réussit à ménager un assez joli twist aux alentours du final, il faut bien constater que cette adaptation d'Andersen souffre aussi d’importants trous d’air narratifs. Des baisses de rythme, des chutes de tension dramatiques assez maladroitement comblées par l’irruption de personnages anecdotiques. Olaf, bonhomme de neige magiquement animé, bien que doublé avec art par Dany Boon, en est le parfait exemple, n’apportant rien à l’histoire. Sans parler des Trolls, non seulement mineurs au sein du récit et dont le design est si profondément loupé qu'il constitue l'unique vilaine tâche dans l’esthétique magnifique du film.
Les enfants ne prêteront guère attention à ces défauts du film ‑c’est l’essentiel‑ mais ces derniers risquent fort d’agacer les adultes, voire de les faire décrocher. Réussir un grand film qui passionne à la fois petits et grands grâce à une histoire en béton était l’une des forces majeures de tous les chefs‑d'œuvre Pixar. Pixar étant désormais solidement marié à Disney, il faudrait juste que ce merveilleux mais fragile savoir‑faire scénaristique cesse de se dissoudre dans leur union.