Thor, le monde des Ténèbres
Alors que Thor restaure la paix dans les neufs royaumes, Jane découvre par accident l'Éther, une arme terrifiante abandonnée des milliers d’années auparavant par l’Elfe noir Malekith. Ce dernier réussit une audacieuse incursion à Asgard et commet un crime qui unira dans la vengeance les frères ennemis Thor et Loki.
Autant désinfecter la plaie tout de suite. Cette seconde aventure solo de Thor souffre, avec Malekith, d’un des méchants les plus ratés de toute l’histoire des films Marvel. On pourrait presque dire que l’Elfe avide de néant est nul, au sens mathématique du terme. Aucun aspect touchant au bad guy n’est réussi : ni le design (faible), ni le maquillage (ridicule), ni l'acteur (inexpressif)… La sensation de menace est, franchement, égale à zéro. Un désastre.
Paradoxalement, c’est à l’aune de ce crash ‑qui normalement devrait entraîner tout le film au fond‑ que l'on voit à quel point ce Monde des Ténèbres est réussi. Ce succès quasi miraculeux tient essentiellement à deux facteurs. D’une part, le diabolique Loki (Tom Hiddleston) devient enfin la vraie vedette de l’histoire, bien plus que le fade Thor. Un Loki rongé par la culpabilité que Hiddleston restitue avec une ironie mordante et un vrai désespoir. Un Loki que les scénaristes cajolent enfin en revenant aux sources du dieu nordique : Loki n’a jamais été un lutteur affrontant mufle contre mufle son frère Thor. Loki est le seigneur des ruses, le prince de la supercherie, et là, ça change la donne...
L’autre atout majeur qui donne sa dynamique roller coaster au film est le remplacement de l’homme derrière la caméra. La vision opératico‑guimauve de Kenneth Branagh, auteur du premier Thor, fait place à celle d’Alan Taylor, cinéaste transfuge de Game of Thrones, spécialiste de l’action efficace qui réussit un mariage improbable entre hyper‑technologie SF et univers médiéval.
Péripéties, coups de théâtre et gags acides façon Avengers s’enchaînent à un tel rythme que le film emballe, secoue, surprend et s’achève de manière très spectaculaire par une baston interdimensionnelle homérique. Ultime coquetterie, le dernier plan du film, joli twist scénaristique, donne non seulement envie de revoir aussitôt cette aventure de Thor mais promet, par ailleurs, d’intéressants développements pour la suite…