Top of the Lake
Avec Top of the Lake, Jane Campion (La leçon de piano) signe une mini‑série d'une grande beauté formelle doublée d'une intensité rare.
Dans une petite localité isolée du sud de la Nouvelle‑Zélande, la police prend en charge la jeune Tui Mitcham (Jacqueline Joe), 12 ans, sortie d'un lac gelé quelques heures plus tôt et enceinte de quatre mois et demi. Le lendemain de cette découverte, la jeune fille mutique disparaît. L'enquête pour tenter de la retrouver est confiée à une jeune inspectrice originaire du coin, Robin Griffin (Elisabeth Moss). Débute une plongée en eaux troubles où les apparences ne sont pas ce qu'elles semblent, où la nature sauvage constitue le terreau d'une violence insoutenable et où le Bien et le Mal s'affrontent sous les yeux d'une femme flic qui court autant après la vérité que sa propre destinée.
La réalisatrice met en effet ici en scène des personnages complexes confrontés à leurs peurs les plus intimes et leurs névroses les plus inavouables, au rythme lancinant des rivières qui coulent des montagnes et du bruissement de l'épaisse forêt. Un paradis perdu sauvage et mystérieux dont l'emprise sur les hommes est palpable. Dans ce contexte, la lenteur devient tension et chaque pas vers la vérité une barrière infranchissable à passer.
Doté d'acteurs formidables (Peter Mullan, Elisabeth Moss, Holly Hunter et la jeune Jacqueline Joe), d'une ambiance qui n'est pas sans rappeler l'excellente série danoise The Killing et d'une résolution finale implacable dont on ressort exsangue, avec la sensation d’avoir assisté à quelque chose d’unique, Top of the Lake est un thriller absolument bouleversant, au ton singulièrement dérangeant et au cadre précis qui n'est pas sans rappeler la rigueur et la lenteur atmosphériques des westerns d’un certain Sergio Leone.