La famille Addams
Alors qu’il ne se passe pas un jour sans que Gomez Addams (Raul Julia) ne pense à son bien‑aimé frère Fester (Christopher Lloyd), voilà que celui‑ci déboule dans la famille après vingt‑cinq ans d’absence. Les retrouvailles vont bon train dans une joie naturellement teintée d’une ambiance mortifère. Cependant, loin d’être dupes, les jeunes Pugsley (Jimmy Workman) et Mercredi (Christina Ricci) reprochent à l’oncle Fester d’avoir un comportement un peu trop « normal », ils le soupçonnent même d’être un imposteur. Les masques ne tardent d’ailleurs pas à tomber dans la maisonnée abracadabrante de cette famille pas comme les autres.
Petit concentré d’humour noir et de fantaisie « horrifi-comique », La famille Addams plante son décorum fantastique (manoir lugubre et cimetière mitoyen sont de la partie) au plus près de la banlieue proprette américaine. Ainsi, outre le mode de vie plus que singulier de la tribu, sa confrontation permanente avec le commun des mortels constitue un formidable ressort scénaristique, d’autant plus que les Addams sont parfaitement intégrés à la société, les enfants scolarisés, les parents œuvrant pour les nécessiteux et flanqués d’un avocat plus à craindre qu’eux…
L’inversion, comme principe issu de leur étrange hérédité, forge la puissance comique et décalée de chaque situation : un spectacle complètement mièvre de rejetons lambdas contre un duel shakesperarien entre le frère et la sœur (chargés en hémoglobine pour l’occasion), des roses carrément coupées plutôt qu’en fleurs et des choses mouvantes dans une assiette de céréales… À mourir… de rire.