Hancock
Le parcours de Peter Berg, acteur et cinéaste, continue de surprendre. Après des débuts de réalisateur fracassants (Very Bad Things) et un thriller post-11 septembre particulièrement sombre (Le royaume), Berg signe à nouveau un film paradoxal et inattendu qui, sous ses airs d’action movie bien troussé, décrit à merveille l’humeur d’un pays dont la superpuissance et les velléités autoritaires provoquent un agacement grandissant.
Fruit de l'Amérique des années Bush, arrogante, impopulaire et égoïste, réalisé deux ans avant l’élection d’Obama à la Maison-Blanche, Hancock suit le parcours d’un justicier mal luné, ivrogne et impoli (très bon Will Smith), sorte de Superman politiquement incorrect dont chacune des interventions provoque un chaos intégral. Formidable séquence d’ouverture du film : l’arrestation d’une bande de braqueurs qui se solde par des millions de dollars de dégâts et les huées de la foule.
Un jour, Hancock croise la route de Ray (Jason Bateman), un publicitaire sur le carreau, qui décide de l’aider à redorer son image, et donc son blason. Hancock adopte d’abord le ton de la comédie puis bifurque imperceptiblement vers une noirceur typique du cinéma de Berg, lorsque ce super-héros, qui se croyait seul au monde, découvre l’existence d’un alter ego (Charlize Theron).
Produit par Michael Mann, qui fait d’ailleurs une apparition au début du film sous les traits d’un exécutif, Hancock remplit impeccablement le cahier des charges du genre (séquences d’action inventives, humour ravageur, effets spéciaux irréprochables), mais raconte surtout le cauchemar identitaire d’un homme -et d’une Nation- qui doit retrouver d’où il vient et reconstruire sa relation à l’autre. Une réussite totale et originale.