Fenêtre sur cour
Réalisé en 1954, Fenêtre sur cour cale son pas sur Jeffries (James Stewart, juste après L’homme qui en savait trop), un reporter photographe immobilisé suite à un accident. La jambe dans le plâtre, Jeffries passe ses journées à scruter les appartements de sa cour d’immeuble. Un jour, il assiste à une dispute conjugale et constate le lendemain la disparition de la femme. Convaincu qu’il s’agit d’un meurtre, Jeffries débute son enquête et lance sa dulcinée (Grace Kelly) à la recherche de preuves.
Avec ce film, Hitchcock fait son entrée à la Paramount et, après Lifeboat (1943) et La corde (1948), revient à une structure en huis clos. Peu de films du « maître du suspense » ont été autant analysés et disséqués que Fenêtre sur cour, œuvre théorique parfaite sur le rapport entre le film et son spectateur. Car James Stewart incarne bien sûr l’équivalent d’un spectateur de cinéma, immobile et voyeur, mais désireux d’intervenir sur la scène d’en face, autrement dit sur la fiction qui se déroule devant ses yeux. « Nous sommes devenus une race de voyeurs », déclare très justement l’infirmière de Jeffries au milieu du film, manière de pointer ce mélange d’innocence et de culpabilité qui intéresse tant Hitchcock.
Un film matrice de tout un pan du cinéma moderne pour lequel, dans un monde insensé, chacun devient l’enquêteur, et donc le déchiffreur de sa propre réalité.