Marley
Quand on entend parler de Bob Marley, on échappe rarement à quelques clichés du genre : une disposition certaine pour la fumette, un militantisme qui va de soi, The Wailers (ses compagnons de rythme), Rita (son épouse et choriste) et toutes les autres, puis une musique insulaire, venant d'une contrée rurale et reculée de la Jamaïque. Voici pour les étiquettes, justifiées certes.
Mais le pape du reggae incarne davantage. Et le documentaire de Kevin MacDonald (Le dernier roi d’Écosse, L’aigle de la neuvième légion) vient argumenter la légende, l'enrichir.
Au cas où l’on n’avait pas encore compris, Bob Marley est un mythe, un Messie héroïque, bien au‑dessus des lois et des clivages identitaires, manichéens et uniformisants imposés par la société, déjà limitée de l’époque. Il suffit de saisir la teneur à la fois humaniste et engagée de ses textes, de se laisser envoûter par « la mystique naturelle » de ses compositions pour enfin pénétrer, en toute grandeur, dans son sillage prophétique. Un itinéraire hors du commun, parfaitement illustré par cette investigation intime, nourrie d’intenses témoignages (de la famille à ses amis et collaborateurs les plus proches).
Lorsqu’en 1978, la Jamaïque connaît de violents affrontements liés aux différends qui opposent deux partis politiques, lors d’un concert, Marley saisit l’opportunité d’une communion entre les leaders et parvient à faire en sorte que leurs mains se joignent. Seul le roi du reggae fut capable d’un tel miracle. Ainsi, le documentaire s’empare d’une légende musicale afin d’y définir le grand homme qui la dépasse. Une merveille.