The Dark Knight Rises
Après Batman Begins (2005) et The Dark Knight : le Chevalier Noir (2008), Christopher Nolan met un point final à sa trilogie reboot des aventures de Batman avec The Dark Knight Rises. Sept années et trois films au cours desquels le cinéaste aura donné à Christian Bale un rôle qui fera date, repeint en outre‑noir l'armure du seul super‑héros sans super‑pouvoirs, redessiné les artères de Gotham City à coups de gratte‑ciels géométriques et désincarnés, exploré toujours plus loin les arcanes criminels d'un monde impuissant face à une violence organisée, larvée au cœur des institutions.
Et dès le début, on retrouve toute la « charte Nolan » : une ouverture à couper le souffle (même si l'on retiendra assurément celle du Chevalier Noir pour le choc Heath Ledger en Jocker braqueur de banque : « I believe whatever doesn’t kill you, simply makes you… stranger »), un goût pour les scènes dantesques tournées avec une économie d'effets spéciaux, une ambiance sombre faite de pluie, de feu et de cendres, des prises d'otages sous haute tension, des dilemmes shakespeariens et un héros en perpétuel doute, marqué par la mort (ses parents, les femmes qui ont compté), la trahison et l'exil, mais toujours debout.
Après l'échec de la mort du procureur‑adjoint Harvey Dent et la mise au vert de Batman pour protéger le commissaire James Gordon (Gary Oldman), Bruce Wayne vit reclus et affaibli dans son immense propriété. Ombre de lui‑même, l'intrusion d'une élégante voleuse (Catwoman, Anne Hathaway, parfaite) ravive à peine la flamme. C'est la première partie du film et pas la meilleure : verbeuse, recollant péniblement les pièces d'un puzzle précédemment éclaté, abusant du flash‑back et dont on devine rapidement l'issue, soit envoyer Bruce Wayne droit en enfer par l'entremise d'un monstre sorti de nulle part (Bane, Tom Hardy, méconnaissable dans une carcasse de 90 kg), prêt à faire régner le chaos et à casser du Batman.
Passé ce cap, le « rise » (« s'élever ») du titre prend enfin toute sa signification pour amorcer le tournant du film. S'il fallait en passer par là, ne regrettons pas l'heure qui vient de s'écouler, lentement. Phenix renaissant de ses cendres, ruiné mais riche d'un profond bouleversement mental et physique, Bruce Wayne endosse dans un ultime effort le costume du vengeur masqué. Batman retrouve peu à peu sa superbe. L'action pure prend alors le relais sans autre forme de procès, tourne au film de guerre urbain, et réveille définitivement le spectateur, vibrant au son du Bat, le véhicule volant surarmé de Batman. Quant à Catwoman, on la retrouve gainée de cuir et filmée de près sur la moto de celui dont elle vient de ravir le cœur. Batman, super‑héros romantique ? Happy‑end au cœur d'une trilogie noir ébène.