Rock Forever
Réalisé par Adam Shankman, à qui l’on doit une poignée de comédies familiales honnêtes (Baby‑Sittor, Un mariage trop parfait…) et le remake de Hairspray avec John Travolta, Rock Forever contient, au fond, deux films : le premier, sans intérêt, suit le parcours de deux ados mièvres, avides de percer dans le monde de la musique du Los Angeles des années 1980, et en particulier au Bourbon, épicentre du rock où se produisent stars d’hier et jeunes pousses de demain.
Ce premier film, c’est justement Hairspray, mais lissé à la mode Glee (dont Shankman, issu du monde de la musique, a d'ailleurs réalisé des épisodes), avec une bande‑son qui réjouira les amateurs de rock FM (type Bon Jovi, Guns N’Roses, Poison…) et de heavy metal sucré, mais fera bondir les autres, les vrais amateurs de rock.
Et puis, il y a un deuxième film, bien plus passionnant, qui se développe du côté des acteurs vieillissants : Tom Cruise, Alec Baldwin, Paul Giamatti et Catherine Zeta‑Jones. Cruise incarne ici à merveille Stacee Jaxx, une ancienne gloire du rock en panne d’inspiration, sorte de momie à la Iggy Pop qui refuse de vieillir ; Baldwin, lui, prête ses traits au patron du Bourbon, à la fois bourru et gay ; tandis que Zeta‑Jones fait des étincelles dans le rôle d’une harpie puritaine, femme d’un maire qui a promis de laver Los Angeles de ses vices, et du rock en particulier.
Au fond, ce qui compte dans Rock Forever, c’est moins le « rock », tant la bande musicale sent le mainstream, que le « forever », autrement dit cette pathologie propre aux acteurs hollywoodiens à vouloir rester jeunes à tout prix. De ce point de vue, le film vaut surtout comme documentaire sur une bande d’acteurs vieillissants, et leurs différents rapports à leur jeunesse perdue.