Cloclo
La jeunesse, l'ascension et la fin tragique du chanteur Claude François, chanteur adulé mais homme torturé par une enfance difficile et ses rapports avec son père, et les femmes...
Le biopic devient une spécialité française, et on ne s'en plaindra pas, tant la culture hexagonale recèle de passionnants destins. Encore faut‑il savoir dépasser le stade de l'académisme ou du mélo pour proposer une vision moderne du personnage en question, loin des odeurs de naphtaline longtemps dégagées par le genre et par l'influence de la fiction télévisée « à la française ». Gainsbourg (vie héroïque) s'y était essayé avec audace et brio, jouant la carte du surréalisme. Cloclo choisit une direction différente, plus académique, que ce soit dans sa construction ou ses passages obligés.
Toutefois, c'est le niveau d'application artistique (beauté des décors, souci de reconstitution historique) et humain qui donne au film un souffle certain. La performance de Jérémie Renier, littéralement habité (et bien secondé par d'excellents seconds rôles, à l'exception de Benoît Magimel, pas loin du ridicule dans le costume de Paul Lederman), est constamment soutenue par la mise en scène de Florent‑Emilio Siri, qui apporte tout son savoir‑faire de cinéaste de thrillers et films d'action (Nid de guêpes, Otage...).
Multipliant les plans‑séquences donnant de l'ampleur et du liant aux scènes et aux performances des comédiens, proposant de vrais parti pris de réalisation (belle utilisation des ralentis, photographie chaude et subtile), il rappelle, au sein d'un cinéma français populaire encore trop littéraire ou paresseux, que la mise en images d'une histoire change totalement la perception qu'en aura le spectateur.
Jamais à la recherche de l'émotion facile, ne cachant pas les aspects négatifs de son héros, il fait de Cloclo, à défaut du biopic de prestige espéré, une belle fresque intimiste contenant de jolis bouts de cinéma.