Intouchables
Si le cinéma français avait voulu faire un remake de Pretty Woman, Éric Toledano et Olivier Nakache auraient tourné Intouchables. Presque scène par scène, leur film repose sur la même interaction entre les personnages, le même fossé social, la même découverte d’un monde inconnu (Omar Sy dans son bain moussant en train d'écouter de la musique, exacte réplique de la scène de Julia Roberts dans le film de Garry Marshall). Idem pour la séquence de l’opéra, dévoilant une parcelle de culture totalement étrangère à l'autre, synonyme d'apprentissage mutuel et d'échange de bons procédés (bon sens du pauvre contre savoir du riche).
Bref, c’est un conte de fées des temps modernes que les deux cinéastes nous offrent, avec bien sûr son lot de facilités et clichés. Mais le discours est sincère, presque humaniste. La banlieue n'est pas montrée du doigt, pas plus que les puissants, et c'est par le rire que l'on entre dans l’intimité des deux personnages, sensibles et profonds (contrairement à ce que la bande‑annonce peut laisser croire).
Intouchables, c'est aussi un parti pris qui n’aurait jamais fonctionné sans la rencontre entre deux immenses comédiens, Omar Sy et François Cluzet, tout en nuance et complicité, évitant à tout prix le trait forcé et la caricature. Sensibles jusqu’au bout, on se dit qu'ils sont eux aussi, à l’image du titre (énigmatique d’abord, puis révélateur), « intouchables ». À voir.