Yellowstone, la lutte pour la vie
C'est le premier parc national du monde, créé en 1872. L'une des merveilles de notre planète avec, comme emblème, cette éblouissante source multicolore qu'est le Grand Prismatic Spring. Mais Yellowstone, Wyoming, au nord des États‑Unis, est bien plus que cela. Écosystème abritant une biodiversité fascinante, cet endroit unique au monde est rythmé par les saisons, qui bouleversent et régulent le cycle de la vie.
C'est donc en trois épisodes de 49' ‑été, automne et hiver‑, que la BBC a décidé de filmer les métamorphoses de ce lieu aussi majestueux que terrible, abritant un supervolcan qui a, il y a 640 000 ans, recouvert la moitié des USA de cendres. Un angle d'attaque très pertinent (et utilisé il y a peu pour la série Terres de glace, diffusée sur France 5) qui permet de découvrir le mode de vie ‑et de survie‑ d'espèces liées à une saison en particulier. En effet, si les loups règnent en maîtres en hiver, l'été (il n'y a pas vraiment de printemps à Yellowstone) est la saison des ours, qui sortent de leurs tanières dès la fonte des neiges pour nourrir leurs petits.
Grâce à des techniques de prises de vues exceptionnelles (très gros plans, ralentis, vues aériennes, time‑lapse…) et beaucoup de patience, l'équipe du documentaire a pu capter des comportements rares, comme ce renard sautant à la verticale dans un épais manteau de neige pour y attraper une souris, ce loup mâle repoussant avec violence tous ses adversaires pour protéger les femelles de sa meute ‑et même si l'une d'entre elles est en pleine mise bas !‑, l'opportunisme du coyote volant un poisson dissimulé sous la glace par une loutre, l'obstination du castor construisant son barrage ou encore le cassenoix, oiseau récoltant des dizaines de milliers de pignons et les dissimulant sous des pierres dans tout le parc en prévision de l'hiver.
Mémoire phénoménale, talent de bâtisseur, instinct de survie, sens aiguisés, organisation méticuleuse et même empathie (une ourse a recueilli deux oursons abandonnés en plus de ses deux petits, malgré la difficulté de dénicher de la nourriture pour tous) : cette faune exceptionnelle (wapitis, colibris calliopes, bisons, pygargues…) fait de ce parc bien plus qu'un beau décor de carte postale. Mais sa beauté phénoménale, qui contribue évidemment à la sensibilisation, pourrait bien être son salut. Pour preuve : alentour, les fermiers ont arrêté de tuer les loups s'approchant trop près de leurs troupeaux. Ils tirent désormais dans les airs pour les effrayer. Doucement mais sûrement, les temps changent.