par Carole Lépinay
12 avril 2012 - 15h29

Le narcisse noir

VO
Black Narcissus
année
1947
Réalisateurs
InterprètesDeborah Kerr, Kathleen Byron, David Farrar, Jean Simmons, Flora Robson, Jenny Laird
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Afin de satisfaire la requête d’un seigneur local, cinq nonnes quittent leur couvent de Calcutta pour Mopu au Népal. Elles s’installent alors dans un ancien harem qu’elles transforment en dispensaire. Sœur Clodagh (Deborah Kerr), sur laquelle repose l’organisation de la communauté, est en désaccord permanent avec Dean (David Farrar), un agent anglais censé l’épauler durant sa mission. Isolées, perchées au sommet du monde, les sœurs négligent peu à peu leurs principaux objectifs et l’atmosphère se dégrade inexorablement.

Chef‑d’œuvre d’expérimentation formelle, Le narcisse noir impressionne d’abord par le mimétisme de ses décors factices (la quasi‑totalité des séquences ont été tournées dans les studios londoniens) et le déploiement obsessionnel des palettes chromatiques. Ainsi, l’insoutenable solitude et les conflits intimes éprouvés par sœur Clodagh et ses acolytes sont indissociables du cadre sauvage, qui les contraint bientôt à la réminiscence (le souvenir d’un amour perdu et l’exaltation de Ruth, interprétée par Kathleen Byron, la menant à la folie).

L’intrusion d’un homme dans ce noyau institutionnel figé, la nature souveraine et torturée (le clocher qui surplombe les précipices, les vents pénétrants, la puissance féline de Jean Simmons, la jeune Indienne incandescente recueillie par les religieuses) sont autant de gouffres pernicieux dans lesquels s’abîment leurs convictions et leur morale. La vallée de la déesse nue, offerte au cosmos, les dépouille alors de leur soutane immaculée pour les rapprocher de leurs projections fantasmatiques (voir la séquence dans laquelle Ruth, ayant renoncé à ses vœux, se pare d’une robe et d’un rouge à lèvres écarlates).

Les cinéastes Michael Powell et Emeric Pressburger (Colonel Blimp) colorisent à outrance le duel entre la vertu et l’éruption des pulsions, et font de leur Narcisse noir une ensorcelante odyssée sensorielle. Sublime.

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Black Narcissus
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
07/03/2012
image
BD-50, 101', zone B
1.37
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 1.0
Anglais DTS-HD Master Audio 1.0
sous-titres
Français
10
10
image
Une tenue d'image exceptionnelle pour un film de 1947 ! Bien entendu, quelques « pétouilles » et points blancs voltigent ça et là, mais les couleurs conservent beaucoup de fraîcheur, le niveau de définition est presque inespéré et les contrastes sont quasiment parfaits. Rappelons que le film date de 1947. Une vraie réussite cette remasterisation HD.
7
10
son
Pas de tentative de remixage 5.1 et c'est tant mieux. Le Blu‑Ray propose le mixage mono original avec une rigueur admirable dans la restitution des voix et la gestion de la musique. La VF n'est pas tellement différente, même si les voix paraissent plus aigres.
7
10
bonus
- Il était une fois Le narcisse noir (24')
- Spectrum (32')
- Galerie photos
- Bande-annonce
La genèse et les secrets du Narcisse noir révélés à travers des commentaires enrichissants. Darius Khondji (actuellement directeur de la photographie) amorce, avec beaucoup de pédagogie, une analyse de la lumière, matière qui dynamise l'esthétique du Narcisse noir.
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