Kill Bill volume 1
Ancien membre d’un gang dirigé par un certain Bill, Black Mamba (Uma Thurman) veut raccrocher les gants. Elle décide alors de se marier. Mais Bill ne l’entend pas de cette oreille. Le jour de la cérémonie, tandis que Black Mamba est enceinte jusqu’au cou, Bill et ses sbires débarquent dans l’Église et tuent tout le monde. En robe de mariée, le visage tuméfié, entourée de cadavres, la jeune femme reçoit une balle dans la tête mais échappe par miracle à la mort. C’est la première image du film tournée en noir et blanc. Après plusieurs mois passés dans le coma, Black Mamba est de retour. Sa vengeance sera implacable.
Le script de Kill Bill, qui emprunte sa forme au Revenge Movie, tient sur un ticket de métro. L’enchaînement des séquences répond autant à un principe de jeu vidéo (à chaque niveau correspond un nouvel ennemi à éliminer), qu’à une logique de l’empilement, puisque chaque fragment du film fait référence à un genre particulier. Du Rape and Revenge Movie au western italien (pour les duels et la bande-son exceptionnelle), en passant bien sûr par le film de sabre japonais (le Chambara, à l’origine de la séquence d’anthologie du massacre des troupes de Li-Ren), sous le patronage duquel Tarantino place son film. Kill Bill se veut ainsi d’abord un hommage aux films de la société Shaw Brothers (le logo du studio hong-kongais apparaît dès le début), signifié par la présence du mythique Sonny Chiba, star du cinéma de kung-fu, qui endosse ici le rôle symbolique d’un sabreur retraité qui décide de fabriquer une ultime lame pour la belle Black Mamba. Bruce Lee au pays de Sergio Leone, ou l’inverse.
Kill Bill aurait pu se résumer à une accumulation virtuose de citations diverses à la manière de Pulp Fiction. Mais Tarantino a mûri. Et depuis Jackie Brown, le film tournant de sa carrière, l’ancien cinéphage un peu potache des années 90 parvient à signer un film à la fois ludique et empreint de gravité. L’histoire d'O-Ren (formidable Lucy Liu), que le film nous présente en flash-back sous la forme d’un manga sanguinolent, exprime bien ce sentiment de perte qui traverse le long métrage de bout en bout. Perte de l’enfance, perte des siens (l’histoire tragique de Black Mamba), et enfin disparition. Disparition d’un cinéma populaire sur lequel Tarantino jette un œil mélancolique. Un grand film.