J'ai rencontré le Diable
Avec J’ai rencontré le Diable, Kim Jee-Woon, jeune prodige coréen, efface le souvenir mitigé qu’avait laissé son précédent film, Le Bon, la Brute et le Cinglé, un western asiatique poussif truffé d’hommages à Sergio Leone.
Avec ce film, Kim revient au thriller cruel et stylisé, proche de son formidable A Bittersweet Life. Nul doute que l'on se trouve bien ici en terre coréenne, puisque J’ai rencontré le Diable s’inscrit dans un genre ‑le film de vengeance‑ qui a subi un nombre déjà important de reprises et de variations, de la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook à Memories of Murder en passant par Public Enemy de Kang Woo‑Suk.
Ici, un agent secret se lance sur les traces du serial‑killer responsable de la mort de sa fiancée. Vingt minutes plus tard, il le retrouve. Mais ce qui, pour d’autres, aurait constitué l’aboutissement du récit, devient ici le point de départ d’une chasse à l’homme sadique, puisque le flic décide de faire subir au tortionnaire (le formidable Choi Min‑Sik, Old Boy) les mêmes outrages que celui‑ci inflige à ses victimes. Peu à peu, la ligne morale vacille (qui commet le plus d’horreurs ?) et le Diable promis par le titre se répand partout.
Avec une précision d’horloger, Kim Jee-Woon nous plonge le nez dans un monde hanté par le fantôme du Mal et peuplé de serial‑killers, où chaque maison, chaque individu, devient le lieu potentiel d’un carnage (d’un taxi à une cabane cosy). Un film éprouvant, nihiliste, d’une beauté plastique impressionnante. Incontournable.