Cannibal Holocaust
Des journalistes se rendent dans la jungle amazonienne à la recherche de cannibales. Très vite, le groupe, composé de trois hommes et une femme, ne donne plus de nouvelles. Le gouvernement américain décide alors d’envoyer une équipe de secours, qui reviendra sans les journalistes, mais avec la vidéo révélant la raison de leur disparition.
En 1979, après un séjour auprès d’hommes assoiffés de sang (Le dernier monde cannibale, 1977) et la plongée érotiquo‑gore de Laura Gemser au milieu de tribus amazoniennes (Emmanuelle et les derniers cannibales), Ruggero Deodato s’envole pour la Colombie et tourne ce qui sera l’un des films les plus cultes de ces trente dernières années.
Le film, dont Le projet Blair Witch reprendra le principe, est construit en deux temps. Tournée en 35 mm, la première partie suit l’expédition d’un scientifique chargé de retrouver les journalistes. La seconde, tournée en 16 mm à la manière d’un documentaire (caméra à l’épaule, filmage sur le vif, image sale, etc.), dévoile les rushs bruts : massacres d’animaux (non simulés), viols d’autochtones, éviscérations et autres abominations.
Peu de temps après sa sortie, le film fut interdit et son réalisateur condamné à quatre mois de prison avec sursis par un tribunal milanais pour les sévices infligés aux animaux. La rumeur du snuff movie enfla alors au point que Deodato dut apporter la preuve qu’il n’avait pas tué ses acteurs ! Ancien assistant de Roberto Rossellini, adepte du cinéma vérité (dont on perçoit ici clairement l’influence), Ruggero Deodato livre un film dérangeant, par moments répugnant, moralement ambigu, mais puissant (à la fin du film et après nous avoir tout montré, les programmateurs décident de ne pas diffuser le reportage). La musique de Riz Ortolani, sorte de contrepoint doucereux aux images barbares du film, est remarquable.
D’aucuns diront que les scènes de massacres d’animaux, de viols collectifs et de cannibalisme, filmées de façon réaliste, démontrent à merveille la cruauté dont l'homme est capable, et les méthodes radicales de certains journalistes qui inondaient les écrans d’images sanglantes lors de la guerre du Vietnam, mais le réalisateur tombe dans son propre piège en utilisant lui‑même les armes qu’il dénonce pour faire et vendre son film. Quoi qu'il en soit, préparez vos yeux et prévenez vos estomacs. Le choc sera rude…