par Jean-François Lefevre
20 septembre 2011 - 16h27

Star Wars : épisode III - La revanche des Sith - L'intégrale de la saga

VO
Star Wars : Episode III - Revenge of the Sith
année
1977
InterprètesHarrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher, Alec Guiness (IV, VI), Liam Neeson, Ewan McGregor, Natalie Portman, Jake Lloyd/Hayden Christensen (I, II, III)
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

La guerre des clones bat son plein et le fossé qui sépare le chancelier Palpatine du Conseil des Jedi n'a jamais été aussi grand. Pendant ce temps, le jeune Anakin Skywalker est de plus en plus séduit par le côté obscur de la Force, et finit par prêter allégeance à l'infâme Darth Sidious. Les seigneurs Sith sont désormais unis et entament leur terrible revanche en exterminant tous les Jedi. Seuls Yoda et Obi‑Wan vont échapper de peu au massacre, et tenter de sauver ce qui peut l'être…

Troisième et dernier volet de la nouvelle trilogie Star Wars, à la fois plus sombre et complexe que les deux précédents épisodes de la saga (mais est‑ce une performance ?), La revanche des Sith surprend par son fabuleux pouvoir de séduction. Il suffit à Lucas de nous proposer le plan d'un Monsieur habillé tout en noir des pieds au casque, avec en fond sonore le bruit d'une respiration artificielle, pour que la magie Star Wars opère à nouveau et démontre encore une fois toute sa vertu nostalgique. On pardonnera alors volontiers à Lucas le côté très premier degré des deux trilogies, mais ô combien universel, de la lutte du Bien contre le Mal. Le Yin et le Yang. L'éternel dilemme…

Après les tests de Star Wars : épisode IV - Un nouvel espoir, Star Wars : épisode V - L'Empire contre‑attaque, Star Wars : épisode VI - Le retour du Jedi, Star Wars : épisode I - La menace fantôme et Star Wars : épisode II - L'attaque des clones, voici donc notre verdict pour l'épisode III. Pour ceux qui ont déjà lu nos premiers tests, vous pouvez directement vous rendre aux parties « Bonus » et « Verdict technique » de cette page. Pour les autres, voici un rappel de « l'historique » de la saga, qui conduira en 2011 à ces nouvelles éditions haute définition.

Octobre 2004. George Lucas donne son feu vert pour l’édition DVD de la première trilogie réalisée entre 1977 et 1983. Des versions remasterisées (le chiffre avancé à l'époque pour la restauration des trois films est de 10 M$ financés par la Fox) intégrant de nouvelles séquences et des effets spéciaux retravaillés pour le vingtième anniversaire de la ressortie de la trilogie en salles en 1997. Des DVD qui surclassaient, et de loin, tous les vieux laserdiscs et VHS des films.

Décembre 2006. Des éditions Collector limitées des épisodes IV, V et VI sont mises sur le marché sur un court laps de temps. Des DVD proposant à la fois la version originale des trois films (tels qu’ils ont été distribués en salles à l’époque, c’est‑à‑dire sans réécriture numérique des génériques, sans intégration de nouveaux éléments, sans correction ou affinage des effets spéciaux, en 4/3 et en Dolby Surround), et la version remasterisée de 2004 (16/9, Dolby Digital 5.1, avec les commentaires audio de George Lucas et des équipes des films).

Septembre 2011. Lucas et la Fox lancent sur orbite les Blu-Ray des deux trilogies, soit l'intégralité de la saga Star Wars. Un événement interplanétaire pour tous les fans d'Anakin Skywalker, Obi‑Wan Kenobi, Padmé Amidala, la princesse Leïa, Chewbacca, R2‑D2, Jar Jar Binks, maître Yoda et tout le bestiaire de la saga. Comme à son habitude, outre un réétalonnage complet des six films, George Lucas en profite pour modifier de nombreux plans (nous reviendrons sur ces changements ultérieurement…) qui ne manqueront pas, une nouvelle fois, de déclencher l'ire des ultra‑fans de la saga.

Mais afin d'apprécier cette sortie à sa juste valeur (et sur laquelle nous reviendrons film après film dans l'ordre de leur sortie cinéma, afin d'en détailler au mieux tout le contenu, extrêmement riche), il faut revenir sur la sortie DVD de 2004, reposant sur une étape essentielle : la restauration. Or, les Épisodes IV (1977), V (1980) et VI (1983) de la saga de Lucas commençaient à dater, d’où des copies de travail (celles du vingtième anniversaire en 1997) sérieusement altérées. Pour y remédier, George Lucas a confié l’essentiel du boulot à John Lowry (le lifting des Indiana Jones, c’est lui !), qui ne s’attendait pas à trouver les négatifs de ce monument du cinéma dans un état aussi catastrophique…

Au moment de la sortie en salles de La guerre des étoiles, personne, pas même George Lucas, n’espérait un succès aussi retentissant. Du jour au lendemain, des centaines de demandes de copies du film à partir des négatifs originaux affluèrent du monde entier. Le studio fut alors obligé d’utiliser sans cesse ces négatifs pour produire encore plus de copies de qualité. Paradoxalement, plus un film enregistre de succès, plus ses négatifs sont utilisés, et plus cette source essentielle et unique est endommagée (c'est moins vrai aujourd'hui avec les tournages tout‑numériques). Le succès de Star Wars ne s’est jamais démenti, et même si en 1997, les négatifs furent une première fois restaurés pour une nouvelle exploitation en salles, la demande pour ces nouvelles copies fut elle aussi très impressionnante. John Lorry et son équipe n’ont pu que constater l’étendue des dégâts devant l’ampleur de la catastrophe.

Après avoir été lavés deux fois (on le découvre dans les bonus de l'épisode IV), les négatifs ont dans un premier temps été transférés en haute définition, pour ensuite être envoyés à la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas, ILM (Industrial Light and Magic). Lowry explique à titre de comparaison, que lorsqu’ils se sont attaqués à la trilogie Indiana Jones (restauration SD), lui et son équipe devaient parfois retoucher jusqu'à 100 000 petits grains de poussière pour chacun des longs métrages. Alors que pour une seule scène de La guerre des étoiles, le chiffre est monté jusqu'à 1 million ! Armée d’une batterie de 600 ordinateurs, l’équipe de restauration, constituée de près d’une centaine de personnes, s’est attelée à ce travail de titan. Les techniciens ont alors recoloré entièrement chacun des trois longs métrages. La colorisation fut plus aisée à pratiquer sur un support digital, même si l’harmonisation de l’ensemble a demandé une précision quasi machiavélique. Sans oublier que l’utilisation du support digital a permis l’ajout de sous-titres dans des conditions optimales. Une fois ce travail achevé, les hommes de Lowry disposaient d’une vidéo haute définition, certes recolorisée, mais qui mettait en exergue toutes les altérations de la pellicule.

Outre le problème de grain disgracieux à résoudre, ils devaient aussi faire en sorte que les scènes et effets spéciaux rajoutés en 1997 ne jurent pas avec le reste. De l’aveu de Lowry, des gens d’ILM et de THX, restaurer Star Wars a été la chose la plus difficile qu’ils aient jamais faite. C'est donc à partir de cette restauration en profondeur, et en numérique, que George Lucas a opéré cette ultime restauration Blu‑Ray.

Pour les épisodes I, II et III, c'est différent. Si le premier opus a bénéficié peu ou prou du même travail, les deux autres étaient déjà disponibles sous forme de fichiers numériques. Pour ceux‑là, l'étape de lavage des négatifs et du scan de la pellicule n'a donc pas eu lieu. En revanche, ils ont été réétalonnés et légèrement retouchés, dans un souci de cohérence visuelle sur les six films.

Contrôlée successivement par THX, le laboratoire Deluxe et ILM, la saga comporte des avancées techniques majeures : restauration du format original avec 8% d'image en plus par rapport aux DVD, corrections des inversions de surrounds sur certaines séquences de l'épisode IV, et donc, vous l'avez compris, ultime restauration des six films à partir de fichiers numériques. Le résultat est incroyable de fraîcheur… Un rendu unique pour une saga qui a toujours été précurseur. Six ans déjà pour cet épisode III, et il semble avoir été tourné hier.

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Star Wars : Episode III - Revenge of the Sith
Tous publics
Prix : 99 €
disponibilité
14/09/2011
image
8 BD-50 + 1 BD-25, 136'/142'/ 140'/125'/128'/135'
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français DTS 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 6.1 (Discrete)
Anglais Audiodescription
Anglais pour sourds et malentendants
Espagnol Dolby Digital 5.1
Portugais Dolby Digital 5.1
Québécois Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, néerlandais, portugais, finnois, norvégien, suédois, danois
8
10
image
Dernier film de la saga et dernière production en termes chronologiques, Star Wars : épisode III - La revanche des Sith devrait logiquement être le plus beau des six. Inutile de faire durer le suspense plus longtemps, c'est le cas ! L'image de cette édition Blu-Ray est tout simplement splendide. Le film est vraiment sublimé par le support BD. Les couleurs sont resplendissantes, la définition d'une précision machiavélique ‑cette fois‑ci les visages sont parfaitement définis‑ et la compression sans faille. En fait, tout est plus subtil ici, notamment en matière d'effets spéciaux. Ils sont enfin imparfaitement intégrés (ou presque) et l'image foisonne de détails : vaisseaux par centaines, explosions dans tous les sens et sur plusieurs plans… Le tout servi par des noirs abyssaux, des couleurs merveilleuses et une lumière resplendissante. Avec Star Wars : épisode III - La revanche des Sith, nul doute que le spectateur bénéficie de l'exact rendu des fichiers originaux issus de la caméra numérique, au même titre que l'équipe technique du film, le réétalonnage en plus. Le résultat est réellement enthousiasmant. Un must.
10
10
son
Là encore, la section audio de ce troisième film, et plus particulièrement la piste VO DTS-HD Master Audio 6.1, est absolument ahurissante. Le débit dépasse régulièrement les 5 Mbps pour un résultat d'une puissance inédite, doublé d'une subtilité hors pair lors des scènes plus calmes (peu nombreuses il est vrai…), des bruitages d'ambiance et des dialogues. Et ça commence dès la première seconde du film avec une véritable séquence d'anthologie pour aller récupérer le chancelier Palpatine aux mains du général Grevious, où les sept enceintes sont mises à rude épreuve. La puissance, la dynamique et la répartition sont des modèles du genre. Plus globalement, la bande‑son, le plus souvent tonitruante, ne s'arrête jamais ou presque. Outre les scènes d'action assises sur des basses profondes et angoissantes, accompagnées d'effets dévastateurs et précis tout autour du spectateur, l'accompagnement musical est un modèle de justesse. Bref, Star Wars : épisode III - La revanche des Sith est un vrai festival sonore qui sollicite constamment les enceintes. Un ensemble d'une rare maîtrise pour une qualité d'écoute remarquable. Précision, comme sur toute la saga, la VF DTS 5.1 mi‑débit est reléguée loin derrière… sans toutefois démériter. Une incroyable bande‑son de démonstration technique qui comblera les amoureux de Home Cinéma.
10
10
bonus
- Disque 6 épisode III : commentaires audio de George Lucas, du producteur Rick McCallum, des superviseurs des effets visuels Rob Coleman, John Knoll et Roger Guyett
- Disque 6 épisode III : commentaires audio de l'équipe du film et des acteurs (au moins quinze personnes)
- Disque de bonus 7 (épisodes I, II, III) : successions de modules d'archives toujours intitulés « Interviews », « Scènes inédites », « La collection », « Art conceptuel » pour les sections Naboo, Tatooine, Coruscant, Géonosis, Utapau, Mustafar, Kashyyyk l'ordre 66
- Disque de bonus 8 (épisodes IV, V, VI) : successions de modules d'archives toujours intitulés « Interviews », « Scènes inédites », « La collection », « Art conceptuel » pour les sections Tatooine, Étoile de la mort, Bataille de Yavin, Hoth, Dagobah, La cité des nuages, Poursuivis par la flotte impériale, Endor, Bataille de l'étoile de la mort 2
- Disque de bonus 9 : making of d'époque en SD, L'empire contre-attaque : les effets spéciaux en SD, Montres classiques : Le retour du Jedi en SD, anatomie d'un Dewback en SD, les guerriers des étoiles en SD, la technologie de Star Wars en HD, interviews de George Lucas et Irvin Kershner (réalisateur de l'épisode V), succession de parodies issues de la TV US, de dessins animés, du Net ou de séries TV (422')
Là encore, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y en a pour tous les goûts : les nostalgiques (tous les documents d'époque, les avant‑premières filmées en 16 mm…), les technophiles (la restauration, les commentaires audio tous sous‑titrés, les effets spéciaux), les rigolos (la série de parodies) et les artistes (les galeries photos améliorées). Et pour ajouter à notre plaisir, le menu de ces galettes HD est d'une simplicité déconcertante, voire même assez ludique. Et vu la somme conséquente de bonus, c'était loin d'être gagné. Pour être clair, tout est bien archivé, rangé planète par planète, jamais trop long (courtes interviews ou scènes inédites) et assez novateur (vous pouvez zoomer dans les photos des costumes pour apercevoir de plus près les détails). Chaque épisode possède donc ses compléments propres (ici, les commentaires audio), complétés par trois disques de bonus communs à tous les films (disques 7, 8 et 9). Nous avons tout vu, tout aimé (moins les interventions de Carrie Fisher, souvent à côté de la plaque…), et particulièrement apprécié le contenu du disque 9, regroupant les très nombreux documents d'archives et plus d'une heure de parodies Star Wars. Soit près de sept heures de compléments, rien que pour ce dernier disque. Énorme. Les commentaires audio, quant à eux, raviront tous les fondus de la saga. La petite voix railleuse de George Lucas est reconnaissable entre mille. Ses prises de parole sont du petit‑lait pur jus, accompagné ici de son armada de maîtres ès effets spéciaux (Rob Coleman, John Knoll, Roger Guyett), mais aussi de son légendaire producteur Rick McCallum, dont vous trouverez une interview dans ces pages. Dans le second commentaire, c'est toute l'équipe qui livre ses souvenirs de tournage, acteurs compris (dont Natalie Portman, assez rare tout de même). Cette fois, progrès techniques obligent, il s'agit moins de faire l'apologie de la débrouille et des méthodes artisanales employées au début de l'aventure (rappelons que personne n'aurait misé sur cette saga, dont le premier épisode n'était au départ distribué que dans vingt‑deux salles…), que de compléter les intentions philosophiques de George Lucas, d'expliquer ses choix scénaristiques/artistiques, ou de préciser quelques ellipses à travers le temps et l'espace. Une sorte de « pourquoi du comment » salvateur qui éclairera les plus fins connaisseurs de Star Wars. On y apprend notamment que les appartements de Padmé sont quasiment les seuls décors « classiques » du film, que Ewan McGregor et Hayden Christensen se sont entraînés trois mois durant pour leur combat au sabre laser final, et que le résultat est si réussi qu'il donne l'impression d'être accéléré (ce n'est bien sûr pas le cas). Côté prouesses toujours, la lave en éruption en arrière‑plan de ce même combat (Anakin Vs Owi‑Wan) a été filmée aux abords de l'Etna. Devant la difficulté de créer virtuellement des jets de lave en fusion, le producteur Rick McCallum et George Lucas ont dépêché en Sicile deux techniciens pour les prises de vues réelles. Rayon clins d'œil, ne ratez pas le caméo de George Lucas et de sa fille lors de la scène de l'opéra (on les voit tous les deux gauche cadre). Ni l'hommage à une autre production de Lucas, réalisée par Coppola cette fois, Tucker (cf. la voiture rouge volante). Ou encore la référence au 2001 de Kubrick (voir le plan de la colonie d'astéroïdes sur Polis Massa). Quant aux bébés que Padmé met au monde, il s'agit du fils d'un des compositeurs de la saga « prêté » pour 20 minutes seulement. Un petit veinard qui peut aujourd'hui se dire : « J'ai joué dans Star Wars ! ». Autre fait remarquable au sein de ces compléments, la capacité de Lucas à ne jamais considérer son film comme fini (plusieurs personnes témoignent de son entêtement très positif pour les longs métrages). Seule la sortie cinéma imminente le forcerait à raccrocher les ciseaux de la table de montage ou les palettes numériques. Il est ainsi capable durant toute la durée de production de s'acharner sur un plan, un effet spécial, de changer de sens la main d'Anakin (pour une raison que lui seul connaît), de tourner en une journée la sublime scène d'ouverture du film (20 minutes quand même), et de la monter et l'enrichir durant six mois. Jusqu'au boutiste, méticuleux, pointilleux : on s'en doutait un peu… L'équipe revient enfin sur la transformation d'Anakin en Dark Vador avec émotion. Lors des prises de vues de cette séquence capitale (cela se déroulait dix jours avant la fin du tournage), entre 400 et 500 personnes ont déboulé des studios voisins pour s'assoir à même le sol dans le hangar. À la fin de la scène de Hayden Christensen, les applaudissements ont fait trembler les murs et le défilé a commencé : toucher la cuirasse noire de Vador comme un souvenir de l'aventure et une preuve de l'existence de cette saga unique. Bref, vous l'aurez compris, ces détails à foison, qui prêtent parfois à rire tant ils semblent inattendus sur un tournage de cette trempe, sont aussi symptomatiques de l'état d'esprit novateur de Lucas qui, depuis les premiers épisodes et malgré des moyens nettement plus conséquents qu'à ses débuts, continue d'inventer et de faire tourner la machine à rêves. Ironie de l'histoire, nous apprenons aujourd'hui l'existence d'une planète lointaine (200 années‑lumière) tournant autour de deux soleils. Comme dans une certaine trilogie… Visionnaire ?
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