par Jean-François Lefevre
15 septembre 2011 - 13h14

Star Wars : épisode VI - Le retour du Jedi - L'intégrale de la saga

VO
Star Wars : Episode VI - Return of the Jedi
année
1977
InterprètesHarrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher, Alec Guiness (IV, VI), Liam Neeson, Ewan McGregor, Natalie Portman, Jake Lloyd/Hayden Christensen (I, II, III)
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Après les tests de Star Wars : épisode IV et Star Wars : épisode V - L'Empire contre‑attaque, voici notre verdict pour l'épisode VI. Pour ceux qui ont déjà lu nos premiers tests, vous pouvez directement vous rendre aux parties « Bonus » et « Verdict technique » de cette page. Pour les autres, voici un rappel de « l'historique » de la saga, qui conduira en 2011 à ces nouvelles éditions haute définition.

Octobre 2004. George Lucas donne son feu vert pour l’édition DVD de la première trilogie réalisée entre 1977 et 1983. Des versions remasterisées (le chiffre avancé à l'époque pour la restauration des trois films est de 10 M$ financés par la Fox) intégrant de nouvelles séquences et des effets spéciaux retravaillés pour le vingtième anniversaire de la ressortie de la trilogie en salles en 1997. Des DVD qui surclassaient, et de loin, tous les vieux laserdiscs et VHS des films.

Décembre 2006. Des éditions Collector limitées des épisodes IV, V et VI sont mises sur le marché sur un court laps de temps. Des DVD proposant à la fois la version originale des trois films (tels qu’ils ont été distribués en salles à l’époque, c’est‑à‑dire sans réécriture numérique des génériques, sans intégration de nouveaux éléments, sans correction ou affinage des effets spéciaux, en 4/3 et en Dolby Surround), et la version remasterisée de 2004 (16/9, Dolby Digital 5.1, avec les commentaires audio de George Lucas et des équipes des films).

Septembre 2011. Lucas et la Fox lancent sur orbite les Blu-Ray des deux trilogies, soit l'intégralité de la saga Star Wars. Un événement interplanétaire pour tous les fans d'Anakin Skywalker, Obi‑Wan Kenobi, Padmé Amidala, la princesse Leïa, Chewbacca, R2‑D2, Jar Jar Binks, maître Yoda et tout le bestiaire de la saga. Comme à son habitude, outre un réétalonnage complet des six films, George Lucas en profite pour modifier de nombreux plans (nous reviendrons sur ces changements ultérieurement…) qui ne manqueront pas, une nouvelle fois, de déclencher l'ire des ultra‑fans de la saga.

Mais afin d'apprécier cette sortie à sa juste valeur (et sur laquelle nous reviendrons film après film dans l'ordre de leur sortie cinéma, afin d'en détailler au mieux tout le contenu, extrêmement riche), il faut revenir sur la sortie DVD de 2004, reposant sur une étape essentielle : la restauration. Or, les Épisodes IV (1977), V (1980) et VI (1983) de la saga de Lucas commençaient à dater, d’où des copies de travail (celles du vingtième anniversaire en 1997) sérieusement altérées. Pour y remédier, George Lucas a confié l’essentiel du boulot à John Lowry (le lifting des Indiana Jones, c’est lui !), qui ne s’attendait pas à trouver les négatifs de ce monument du cinéma dans un état aussi catastrophique…

Au moment de la sortie en salles de La guerre des étoiles, personne, pas même George Lucas, n’espérait un succès aussi retentissant. Du jour au lendemain, des centaines de demandes de copies du film à partir des négatifs originaux affluèrent du monde entier. Le studio fut alors obligé d’utiliser sans cesse ces négatifs pour produire encore plus de copies de qualité. Paradoxalement, plus un film enregistre de succès, plus ses négatifs sont utilisés, et plus cette source essentielle et unique est endommagée (c'est moins vrai aujourd'hui avec les tournages tout‑numériques). Le succès de Star Wars ne s’est jamais démenti, et même si en 1997, les négatifs furent une première fois restaurés pour une nouvelle exploitation en salles, la demande pour ces nouvelles copies fut elle aussi très impressionnante. John Lorry et son équipe n’ont pu que constater l’étendue des dégâts devant l’ampleur de la catastrophe.

Après avoir été lavés deux fois (on le découvre dans les bonus de l'épisode IV), les négatifs ont dans un premier temps été transférés en haute définition, pour ensuite être envoyés à la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas, ILM (Industrial Light and Magic). Lowry explique à titre de comparaison, que lorsqu’ils se sont attaqués à la trilogie Indiana Jones (restauration SD), lui et son équipe devaient parfois retoucher jusqu'à 100 000 petits grains de poussière pour chacun des longs métrages. Alors que pour une seule scène de La guerre des étoiles, le chiffre est monté jusqu'à 1 million ! Armée d’une batterie de 600 ordinateurs, l’équipe de restauration, constituée de près d’une centaine de personnes, s’est attelée à ce travail de titan. Les techniciens ont alors recoloré entièrement chacun des trois longs métrages. La colorisation fut plus aisée à pratiquer sur un support digital, même si l’harmonisation de l’ensemble a demandé une précision quasi machiavélique. Sans oublier que l’utilisation du support digital a permis l’ajout de sous-titres dans des conditions optimales. Une fois ce travail achevé, les hommes de Lowry disposaient d’une vidéo haute définition, certes recolorisée, mais qui mettait en exergue toutes les altérations de la pellicule.

Outre le problème de grain disgracieux à résoudre, ils devaient aussi faire en sorte que les scènes et effets spéciaux rajoutés en 1997 ne jurent pas avec le reste. De l’aveu de Lowry, des gens d’ILM et de THX, restaurer Star Wars a été la chose la plus difficile qu’ils aient jamais faite. C'est donc à partir de cette restauration en profondeur, et en numérique, que George Lucas a opéré cette ultime restauration Blu‑Ray.

Contrôlée successivement par THX, le laboratoire Deluxe et ILM, la saga comporte des avancées techniques majeures : restauration du format original avec 8% d'image en plus par rapport aux DVD, corrections des inversions de surrounds sur certaines séquences de l'épisode IV, et donc, vous l'avez compris, ultime restauration des six films à partir de fichiers numériques. Le résultat est incroyable de fraîcheur… Un rendu unique pour une saga qui a toujours été précurseur. Vingt‑sept ans déjà pour cet épisode VI, et ça ne se voit pas.

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Star Wars : Episode VI - Return of the Jedi
Tous publics
Prix : 99 €
disponibilité
14/09/2011
image
8 BD-50 + 1 BD-25, 136'/142'/ 140'/125'/128'/135'
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français DTS 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 6.1 (Discrete)
Anglais Audiodescription
Anglais pour sourds et malentendants
Espagnol Dolby Digital 5.1
Portugais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, néerlandais, portugais, finnois, norvégien, suédois, danois
10
10
image
Comme pour les opus IV et V, cet épisode VI est un ravissement pour les yeux. Épisode le plus sombre avec de nombreuses scènes de pénombre, le contraste est réellement magnifique, offrant une lisibilité de l'action toujours parfaite ou presque. La célèbre scène de combat au sabre laser entre Luke Skywalker et Dark Vador, jusqu'alors contenue dans un camaïeu de noir, bleu nuit et gris foncé, où il était parfois difficile de suivre les faits et gestes des protagonistes, propose une visibilité nouvelle permettant de distinguer parfaitement les différents niveaux de noir voulus par Lucas (un cameraman explique d'ailleurs toute la complexité de filmer un décor et costume ton sur ton). Mission réussie, puisque les acteurs se détachent ici parfaitement du fond. On est même régulièrement surpris de découvrir, ou redécouvrir, une foultitude de détails dans les décors, les arrière‑plans et les costumes, jusqu'alors invisibles, même sur les DVD commercialisés en 2004. La texture des uniformes des gradés de l'armée de l'Empire devient presque palpable. Les détails du repaire de Jabba the Hunt sont incroyables de netteté. De même pour les couleurs riches à souhait mais jamais excessives (pour rappel, les six films ont été réétalonnés pour cette sortie Blu‑Ray). La HD a cet avantage sur la SD de révéler tous les éléments de l'image. Et Dieu sait s'ils sont nombreux dans la saga de George Lucas. C'est aussi le film le plus abouti de la trilogie historique au niveau des effets spéciaux : leur intégration est mieux gérée et l'aspect blanc crémeux des vaisseaux et autres constructions spatiales laisse place à des matières réalistes pour un résultat très crédible. À noter, les scènes numériques ajoutées pour la ressortie cinéma en 1997 passent plutôt bien (contrairement à l'épisode IV) et l'image propose un grain très agréable, tout en étant exempte de fourmillements. Compression également parfaite. Pas un artéfact à l'horizon. Alors, comme pour les deux opus précédents, tout n'est pas parfait. Le fameux effet loupe de la HD sévit une fois de plus, notamment sur certains personnages extraterrestres à l'aspect vraiment marionnette ou jouet. Mais il faut bien comprendre que Star Wars : épisode VI - Le retour du Jedi marque le fin d'une époque, avec des monstres véritables et animés mécaniquement ou humainement (le monstre Rancor est d'ailleurs un hommage à Ray Harryhausen, le père des effets spéciaux avec le Français Méliès), avant le basculement dans le cinéma numérique. Et finalement, on aime ça ! Encore une fois, nous répétons vraiment tout notre étonnement devant l'ampleur de la tâche accomplie. Quel plaisir de profiter enfin de ces films sous un jour totalement nouveau (même si certaines scènes ajoutées font hurler certains fans). Nous n'avons jamais été si proches de la vision originelle de son créateur, un artiste véritable, et pas seulement un businessman. Quoi qu'on en dise !
10
10
son
Comme sur les épisodes IV et V, les pistes son offrent un spectacle inédit avec, en VO, six canaux discrets en plus du canal LFE. Et si la VF DTS 5.1 mi‑débit propose là aussi un excellent mixage, il lui est toujours impossible de lutter avec la phénoménale VO DTS-HD Master Audio 6.1. On retrouve avec délectation le « package sonore estampillé Star Wars ». Cependant, la bande‑son est encore plus présente, calquée sur le rythme du film allant crescendo avec des séquences plus courtes et un montage plus tonique, obligeant les designers sonores à faire preuve de toujours plus de créativité. Les bruitages des machines et des divers personnages n'ont jamais été aussi nombreux, avec des détails aux quatre coins de la pièce Home Cinéma. La spatialisation progresse donc encore d'un cran (débit moyen de 4 Mbps toujours de mise). On profite ainsi d'une scène sonore très aérée mais jamais brouillonne. Les combats sont monstrueux de force et de dynamique. Quant aux scènes plus calmes, elles offrent une ambiance subtile et très définie. Bref, l'environnement sonore est tout simplement incroyable ! Les morceaux d'anthologie se succèdent, la surround centrale arrière est à la fête, tout comme le caisson dont les vrombissements se ressentent physiquement. L'équilibre avec l'accompagnement musical est parfait. La piste sonore fait totalement corps avec l'histoire. Elle est même partie prenante de l'intrigue. La scène finale de destruction de l'Étoile noire est juste énorme avec musique, sons, bruitages et effets sur toutes les enceintes. Et pourtant, ce maelström sonore s'harmonise parfaitement pour un final époustouflant. Une vraie prouesse audio. Rendons gloire à George Lucas d'avoir magnifié avec tant d'emphase l'aspect audio de ses longs métrages, démontrant à tous que le son participait, au moins autant que l'image, à l'émotion ressentie devant un film. Et avec Star Wars : épisode VI - Le retour du Jedi, le spectateur ressort exténué de sa séance Home Cinéma. Le film se regarde et se vit tout à la fois…
10
10
bonus
- Disque 3 épisode VI : commentaires audio de George Lucas, de la comédienne Carrie Fisher, du sound designer Ben Burtt et du spécialiste des effets spéciaux Dennis Muren
- Disque 3 épisode VI : commentaires audio plus techniques de l'équipe du film (au moins quinze personnes, dont le compositeur John Williams)
- Disque de bonus 7 (épisodes I, II, III) : successions de modules d'archives toujours intitulés « Interviews », « Scènes inédites », « La collection », « Art conceptuel » pour les sections Naboo, Tatooine, Coruscant, Géonosis, Utapau, Mustafar, Kashyyyk l'ordre 66
- Disque de bonus 8 (épisodes IV, V, VI) : successions de modules d'archives toujours intitulés « Interviews », « Scènes inédites », « La collection », « Art conceptuel » pour les sections Tatooine, Étoile de la mort, Bataille de Yavin, Hoth, Dagobah, La cité des nuages, Poursuivis par la flotte impériale, Endor, Bataille de l'étoile de la mort 2
- Disque de bonus 9 : making of d'époque en SD, L'empire contre-attaque : les effets spéciaux en SD, Montres classiques : Le retour du Jedi en SD, anatomie d'un Dewback en SD, les guerriers des étoiles en SD, la technologie de Star Wars en HD, interviews de George Lucas et Irvin Kershner (réalisateur de l'épisode V), succession de parodies issues de la TV US, de dessins animés, du Net ou de séries TV (422')
Comme pour les deux premiers épisodes, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y en a pour tous les goûts : les nostalgiques (tous les documents d'époque, les avant‑premières filmées en 16 mm…), les technophiles (la restauration, les commentaires audio tous sous‑titrés, les effets spéciaux), les rigolos (la série de parodies) et les artistes (les galeries photos améliorées). Et pour ajouter à notre plaisir, le menu de ces galettes HD est d'une simplicité déconcertante, voire même assez ludique. Et vu la somme conséquente de bonus, c'était loin d'être gagné. Pour être clair, tout est bien archivé, rangé planète par planète, jamais trop long (courtes interviews ou scènes inédites) et assez novateur (vous pouvez zoomer dans les photos des costumes pour apercevoir de plus près les détails). Chaque épisode possède donc ses compléments propres (ici, les commentaires audio), complétés par trois disques de bonus communs à tous les films (disques 7, 8 et 9). Nous avons tout vu, tout aimé (moins les interventions de Carrie Fisher, souvent à côté de la plaque…), et particulièrement apprécié le contenu du disque 9, regroupant les très nombreux documents d'archives et plus d'une heure de parodies Star Wars. Soit près de sept heures de compléments, rien que pour ce dernier disque. Énorme. Les commentaires audio, quant à eux, raviront tous les fondus de la saga. La petite voix railleuse de George Lucas est reconnaissable entre mille. Ses prises de parole sont du petit‑lait pur jus, accompagné dans le premier commentaire du sound designer Ben Burtt, du spécialiste des effets spéciaux Dennis Muren et de Carrie Fisher (peu présente au final, et on ne s'en plaindra pas). Dans le second commentaire, c'est toute l'équipe technique qui livre ses secrets et ses souvenirs de tournage, du responsable maquette aux producteurs en passant par les peintres, les preneurs de son, les cameramen ou les monteurs…). Coulisses de prises de vues, de prises de sons, mais aussi effets spéciaux (souvent très archaïques, fous ou improbables, et parfois les trois en même temps !), anecdotes de tournage, décalages entre ce qui avait été écrit par George Lucas et ce qui a finalement été tourné… Bref, une somme d'informations monstre qui ne manquera pas de « scier en deux » les exégètes de Star Wars. Entre autres passages à ne pas manquer, le travail autour de la lumière des sabres laser et des éclairs bleu électrique de l'Empereur, l'élaboration des cris du monstre Rancor à partir des aboiements rauques et énervés d'un vieux teckel appartenant aux voisins du sound designer Ben Burtt (Pal de son petit nom, qui aura lui aussi contribué, à sa manière, au succès de Star Wars…), la construction des nombreuses maquettes par ILM (vaisseaux, montres, décors…), l'intervention d'une véritable équipe d'artificiers pendant toute une nuit pour obtenir des gerbes de feu dignes de ce nom, ou encore les petites satisfactions de Lucas, comme de pouvoir inscrire en début de générique d'ouverture le nom de l'épisode dans son intégralité, ce que le studio lui avait interdit de peur de « perdre » les spectateurs. Vous l'aurez compris, ces détails à foison, qui prêtent parfois à rire tant ils semblent inattendus sur un tournage de cette trempe, sont aussi symptomatiques de l'état d'esprit novateur de Lucas à l'époque, qui testait, essayait, ratait et recommençait jusqu'à obtenir LE plan tant désiré. Le cinéma n'avait pas encore versé dans les effets numériques… Tout le charme du travail à l'ancienne, quasiment artisanal.
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