Sucker Punch
Après le remake de L’armée des morts, 300 et autre Watchmen, Zack Snyder signe enfin un projet personnel, ni remake, ni exploitation d’une franchise.
Le résultat, Sucker Punch, s’avère aussi déroutant que raté en partie. Nous voici plongés dans l’inconscient d’une adolescente américaine, jupe courte et visage d’ange, qui se retrouve internée dans un asile psychiatrique par un beau‑père incestueux. À partir de là, la voici projetée dans un bordel, en compagnie d’autres jeunes filles qui rêvent aussi de s’évader. Mais notre Babydoll (c'est son nom) possède un don. Celui, en dansant, de s’extraire de la réalité (bien qu’on ne sache pas très bien où se situe la vraie réalité du film) pour un monde apocalyptique dans lequel elle et ses amies affrontent bestioles multiples, dragons, guerriers gigantesques, samouraïs, robots, etc.
Mêlant le conte initiatique (à la fin de chaque séquence de combat, un objet symbolique), l’heroic fantasy, le manga et le jeu vidéo de plateforme, Sucker Punch est un objet étrange qui mise tout sur la capacité du cinéma à créer des univers plastiques proches de l’abstraction. Ici, les personnages ont autant de profondeur que des silhouettes de jeu vidéo, la psychologie rase la moquette, mais l’intérêt du film réside ailleurs : la tentative, à l’heure où Hollywood nous abreuve de produits calibrés, de créer des mondes alternatifs qui ne renvoient à plus rien de concret.
Après Inception et Shutter Island, le cinéma américain continue à ne plus faire de différence entre le rêve et la réalité. À découvrir de toute manière.