par Jean-Baptiste Thoret
27 juin 2011 - 12h52

True Grit

année
2010
Réalisateurs
InterprètesJeff Bridges, Hailee Steinfeld, Matt Damon, Josh Brolin, Barry Pepper
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Après avoir été le Dude de Big Lebowski, Jeff Bridges, post‑Crazy Heart, voix rocailleuse et démarche chaloupée, revient devant la caméra assagie des frères Coen dans la peau du Duke, alias John Wayne, le Marshall rustre et borgne de Cent dollars pour un shérif (Henry Hattaway, 1968), dont True Grit, adapté d’un roman éponyme de Charles Portis, constitue moins un remake qu’une relecture.

Mattie Ross, 14 ans, engage Rooster Cogburn afin de retrouver Tom Chaney (Josh Brolin), un bad guy de peu d’envergure responsable du meurtre de son père. Très vite, un Texas Ranger chargé lui aussi d’arrêter Chaney (Matt Damon) se joint à eux. Débute alors un périple à travers les plaines désertiques d’un no man’s land qui ne s’appelle pas encore l’Oklahoma.

L’air de rien, les Coen continuent donc d’arpenter l’Histoire de l’Amérique via son espace. Après le Minnesota de Fargo, le Texas de Sang pour sang et le Delta de O’Brother, True Grit se déroule en plein territoire indien, à ce moment hésitant de l’Histoire de l’Ouest où la Loi du Talion brûle de ses derniers feux. Bientôt, tuer et juger ne seront plus synonymes et le film, qui s’ouvre par une pendaison sur la place publique de Fort Smith, s’enferme dans une salle de tribunal où le vieux loup Cogburn doit répondre de ses actes passés, manière pour les Coen de poser d’emblée les termes de leur dialectique.

Tout le projet de True Grit est là : se tenir sur la ligne encore imprécise où l’Amérique d’hier (le troc, le vol, la vengeance, les posse) doit faire face à celle qui vient (la négociation, la Loi, le peuple). Face à Cogburn, dépositaire d’un Ouest en voie de disparition et déjà légendaire ‑le film s’achève tout naturellement devant les baraquements d’un Wild West Show‑ Mattie Ross incarne donc l’Amérique de demain, contrainte de chevaucher dans un entre‑deux ténébreux à la recherche d’un Liberty Valance lâche et balafré, dont le récit réglera rapidement le sort.

Nettement moins distancié que No Country for Old Men, auquel on ne manquera pas de le comparer, True Grit ne cherche pas à installer un jeu avec un genre et ses codes, le western, même si le fantôme de La prisonnière du désert hante parfois l’odyssée de cet étrange attelage, mais opte pour un traitement hyper‑réaliste, à peine stylisé, resserré autour d’une poignée de personnages à haute teneur allégorique. Pourtant, en cours de route et sans que l’on s’en aperçoive vraiment, True Grit change de visée et recouvre le récit de la vengeance (retrouver un homme) par le voyage initiatique de sa jeune héroïne (vaincre le Dragon, grandir et peut‑être même retrouver un Père), qui passera même par la case « terrier », un tunnel obscur envahi de cadavres et de serpents venimeux. Une merveille.

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cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
23/06/2011
image
BD-50, 110', toutes zones
2.35
HD 1 080p (Mpeg4 AVC)
16/9 natif
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Audiodecription
Allemand Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, allemand, italien, espagnol, néerlandais, danois, norvégien, suédois
10
10
image
Une image en tout point magnifique. Concoctée par le très réputé Roger Deakins, à la fois dure et mélancolique, la photographie irradie l'écran et brûle la rétine. Définition au cordeau, compression implacable, lisibilité à toute épreuve (de jour comme de nuit, entre chien et loup, à contre‑jour…), couleurs sépia naturelles et réalistes, il est définitivement impossible de ne pas aimer les tableaux proposés. Tourné au Nouveau‑Mexique et au Texas, le film est aussi une grande réussite visuelle.
8
10
son
Si la VF tient le coup et fait honneur au film, la VO l'emporte dans toutes les catégories : jeu des comédiens bien sûr, mais aussi impact, ampleur, envergure, spatialisation, graves et localisation des effets. On apprécie le jeu subtil sur les ambiances et la gouaille des personnages, qui ressortent bien mieux en VO. Une bande‑son sur le fil, qui a parfaitement trouvé le juste milieu entre souffle épique, dialogues ciselés et musique jamais envahissante.
7
10
bonus
- Focus en HD sur l'interprète de Mattie, la jeune Hailee Steinfeld, dont c'est le premier grand rôle (5')
- Les costumes des années 1880 en HD (8')
- Les armes du film en HD (5')
- Reconstituer la ville de Fort Smith en HD (11')
- Gros plan sur les acteurs en HD (5')
- Documentaire sur l'écrivain Charles Portis en HD (31')
- La photographie de True Grit en HD (3')
- DVD du film et copie digitale
Des bonus parfois un peu « cadrés », voire promotionnels (les interviews face caméra), mais dont certains méritent largement de s'attarder quelques instants. Notamment le sujet sur les décors du film, assez étonnant, qui en dit long sur le savoir‑faire américain en matière de « grosse machinerie ». On y apprend que la ville de Fort Smith a été recréée quatre mois durant en amont du tournage, dans des décors réels mais masqués par des palissades et autres façades vieillies. Sur le plateau, le chef déco nous fait la visite : montrant tantôt des poteaux électriques dissimulés derrière des écorces d'arbres, tantôt des arbres purement et simplement dépouillés de leur feuillage à la main, le film se déroulant en hiver. Énorme. Autre gros morceau de cette interactivité, le documentaire réservé à l'auteur du roman à l'origine des films (Cent dollars pour un shérif et True Grit). D'abord journaliste, Charles Portis n'écrivit que cinq ouvrages, tous référentiels aujourd'hui dans l'histoire de la littérature américaine. Deux compléments de choix qui, associés aux autres modules plus légers, fournissent des bonus de qualité.
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