Un printemps pas comme les autres à Londres. Cette année‑là (1965), un trublion de génie défraye la chronique durant trois semaines. Présentateurs TV, journalistes, mères et filles déchaînées s'en souviennent sans doute encore… Donn Alan Pennebaker suit ainsi le jeune Bob Dylan durant sa tournée anglaise, caméra au poing, captant ses moindres gestes, ses murmures, ses insolences, son talent pur et ses excès.
Alors jeune documentariste spécialisé dans les films musicaux, l'Américain D.A. Pennebaker (il captera notamment plus tard les concerts de David Bowie, Jimi Hendrix et surtout la tournée 101 de Depeche Mode en 1989, qui reste encore aujourd'hui dans les annales du film musical), emboîte ainsi le pas de la star, idole de la contre‑culture, dans son espace le plus intime.
Connu pour saisir la ferveur et la fièvre des scènes live, le réalisateur préfère ici s'intéresser à l'artiste en off. Entre promo télé, négociations avec les agents, interviews (un journaliste de Times Magazine passe un sale quart d'heure…) et longues soirées arrosées (Donovan et Joan Baez sont bien sûr de la partie), le film évolue dans le sillon de l'artiste, dévoilant deux versants d'une personnalité hors normes, à la fois engagée, charismatique, lumineuse, intello, second degré et hautaine.
Au final, ce film en forme de portrait en creux et véritable archive de l'histoire de la musique est un must pour les Dylanophiles, mais reste sans doute un peu trop pointu pour les non‑initiés (peu de chansons hormis quelques archives), qui auraient sans doute aussi aimé découvrir l'artiste sur scène.