Yamaha R-N800A

Nous avons régulièrement l’occasion de présenter les équipements Home Cinéma proposés par Yamaha. Un secteur né avec le constructeur nippon, où il excelle et ne cesse de proposer des innovations technologiques au service d’une utilisation toujours plus conviviale. Cependant, la marque n’abandonne pas pour autant ses origine, soit la conception d’équipements Hi‑Fi plus conventionnels et de haute qualité. Nouveau venu au sein de cette vaste famille, l’amplificateur R‑N800A nous a séduit. Il est l’illustration parfaite du savoir‑faire de Yamaha en matière de productions exigeantes. Nous sommes ici proches de l’univers des équipements dits « audiophiles ». Un qualificatif souvent décrié car jugé frileux vis‑à‑vis des nouvelles technologies. Pour sa part Yamaha n’a pas hésité à miser sur la symbiose de solutions ultra‑conventionels, notamment en ce qui concerne les étages de puissance de son intégré, et la souplesse qu’offrent les technologies numériques les plus actuelles. Ainsi, le R‑N800A n’est pas exclusivement un amplificateur. Il intègre également un lecteur réseau lui donnant accès, entre autres, aux services de streaming audio. La plupart d’entre eux proposent en effet des contenus Hi‑Res Audio à la qualité d’écoute irréprochable. Le R‑N800A se dote aussi d’un Dac offrant des performances de haut vol. Enfin, sa traditionnelle section Tuner est également de dernière génération puisque, outre un récepteur FM conventionnel, elle dispose d’un récepteur DAB+. En somme, pour qui souhaite assouvir sa passion de la musique, le R‑N800A regroupe au sein d’un même coffret le meilleur de l’analogique et la qualité du numérique de dernière génération.

 

 

Yamaha R-N800A, section analogique solide et label Top‑Art

La section la plus concernée par l’analogique se situe au niveau des étages de puissance du R‑N800A. Ils se basent sur transistors en configuration double Push‑Pulls travaillant en Class AB. Ainsi, chaque canal exploite deux paires de transistors complémentaires, des 2SA1694 et 2SC4467 d’origine Sanken. Cette configuration garantit au R‑N800A un excellent comportement dans la gestion des courants les plus intenses. Un point qui permet à Yamaha d’annoncer pour son amplificateur d’étonnantes capacités de gestion des pics de puissance. En effet, si la puissance efficace qu’il délivre est de 2 x 100 W sous 8 ohms, elle atteint 2 x 290 W sous 2 ohms en puissance dynamique. Le R‑N800A n’aura ainsi aucun mal à gérer les enceintes les plus exigeantes et leur offrira la possibilité de s’exprimer pleinement lors des envolées de dynamique les plus appuyées, là ou bien des concurrents marquent le pas. De même, afin de garantir aux étages de puissance une réserve d’énergie suffisante pour répondre à leurs appels de courant les plus extrêmes, l’alimentation du R‑N800A s’articule autour d’un transformateur conventionnel en coupe C très généreusement calibré associé à une paire de condensateurs de filtrage d’une capacité de 12 000 microfarads chacun. À savoir, transformateur, condensateurs de bloc et condensateurs audio sont des modèles développés sur mesure selon le cahier des charges du constructeur nippon, qui s'est auparavant assuré que les composants fonctionnaient parfaitement les uns associés aux autres.

 

 

Enfin, cette section analogique adopte le label Top‑Art (Total Purity Audio Reproduction Technology) de la marque, c'est‑à‑dire une architecture strictement symétrique. Nous sommes ici proche d’une configuration dite double mono. En fait, deux amplificateurs strictement identiques, mais partageant la même alimentation, sont assemblés au sein d’un même coffret. Ainsi, le trajet du signal sur les deux canaux est également identique. Ce type de structure offre un bon respect des phases du message sonore, ce qui confère à l’image stéréophonique beaucoup de relief et de précision dans la localisation de chaque objet sonore qui la compose. Il faut encore mentionner pour la section amplification une connexion au sol à vis et un fil épais pour renforcer la masse afin d'éliminer l'influence des fluctuations de voltage et du bruit de fond externe, des éléments important pour la qualité sonore. Plus un châssis à faible vibration équipé du cadre spécial en résine Art Base qui élimine les vibrations indésirables et des pieds anti‑résonnance (cf. photo ci‑dessous).

 

 

Yamaha R-N800A, section numérique ESS Sabre

Afin d’exploiter pleinement les qualités de la section analogique du R‑N800A, Yamaha a également consacré beaucoup de soin à la conception de son unité numérique. La clé de voûte de cet ensemble est un convertisseur numérique‑analogique produit par ESS Technology, l’incontournable Sabre ES9080Q dont la réputation n’est plus à faire. Capable de travailler sur les flux PCM jusqu’en 384 kHz/32 bits, il est en mesure d’exploiter pleinement toute la finesse des flux Hi‑Res Audio les plus actuels. Le R‑N800A intègre ainsi un lecteur réseau de haute qualité. Compatible MusicCast, il s’insère aisément dans cet écosystème réseau propre à Yamaha et accède ainsi tant aux contenus stockés sur les ordinateurs ou disques Nas connectés au réseau domestique qu’aux services musicaux disponibles en streaming tels Spotify, Deezer, Amazon music, Qobuz, etc. ou aux webradios.

 

 

Yamaha R-N800A, calibrage automatique YPAO R.S.C.

Pour qu’il y ait une parfaite adéquation entre son dernier‑né et l’acoustique de la pièce, Yamaha à doté le R‑N800A de son système de correction acoustique YPAO R.S.C. (Reflected Sound Control). Un dispositif de calibrage automatique qui, après que Yamaha l’ait réservé à ses systèmes multicanaux Home Cinéma, est de plus en plus présent sur ses amplificateurs stéréophoniques. Outre les réglages d’équilibrage entre les deux canaux, le système YPAO R.S.C. compense les imperfections acoustiques des enceintes et de la pièce d’écoute pour offrir plus de naturel à la restitution. Tout comme sur un amplificateur audiovidéo, un micro à placer au point d’écoute durant l’opération d’auto‑calibration est livré avec le R‑N800A. Il suffit de le connecter pour lancer la séquence de tests. Il est conseillé de quitter la pièce durant les salves sonores que génère le système afin d’éviter de perturber les mesures. Une fois cette analyse acoustique terminée, le R‑N800A est prêt à l’emploi.

 

 

Yamaha R-N800A, large connectique et connectivité

Afin d’offrir une grande polyvalence et pouvoir exploiter les sources les plus variées, le R‑N800A dispose d’une connectique complète. Une entrée Phono comblera les inconditionnels des vinyles. Elle est compatible avec toutes les cellules dites MM, pour Mobile Magnet donc à aimant mobile. Il s’agit du type de cellule le plus rependu sur les tables de lecture vinyles. Toujours pour répondre aux impératifs du monde analogique, trois entrées au niveau Line, dont une plus spécifiquement dédiée à un lecteur de CD audio, sont présentes. L’accès aux sources numériques est également largement pourvu. Deux entrés optiques et deux entrées coaxiales sont disponibles. Un port USB‑B, dédié au raccordement d’un ordinateur, vient compléter ces entrées ainsi que l’incontournable prise RJ‑45 Ethernet pour le raccordement filaire du R‑N800A au réseau domestique de l’habitation. Bien sûr, le passerelle audio UPnP (DLNA) est de la partie. Un transmetteur Wi‑Fi est également présent afin de proposer un accès au réseau sans‑fil (AirPlay 2) pour une plus grande liberté de disposition de l’installation. Enfin le R‑N800A est équipé d’un transmetteur Bluetooth bidirectionnel. Par ce biais il peut aussi bien gérer un casque Bluetooth que recevoir le flux numérique d’une musique stockée sur un smartphone, par exemple.

 

En premier lieu, il est indispensable de télécharger et d’installer l’application MusicCast Yamaha, sur un smartphone ou une tablette. Après avoir sélectionné le R‑N800A dans la longue liste de produits qu’elle propose, l’application guide l’utilisateur pas‑à‑pas pour sa mise en service avec convivialité.

 

 

Par la suite, elle permet d’accéder à l’intégralité des réglages et fonctionnalités du R‑N800A avec une bonne ergonomie. Enfin elle devient totalement incontournable dès qu’il est question de naviguer dans l’arborescence des services de musique diffusée en streaming.

 

 

À noter, Yamaha fournit une télécommande, cependant les réglages qu’elle propose restent beaucoup plus limités. Elle restera utile en usage courant pour régler le niveau d’écoute ou sélectionner une source par exemple.

 

 

Yamaha R‑N800A, design so rétro

Dès le premier contact, le R‑N800A séduit par l’élégante sobriété de son design. Sa façade donne dans le plus pur style des équipement audio haut de gamme des années 80. La seule concession que fait ici Yamaha au présent se manifeste par le bandeau en plexiglas fumé qui habille la base de la façade de son amplificateur. Il masque un petit afficheur dont le rôle est de préciser la source en cours d’exploitation, ou d’autres informations notamment celles liées aux spécificités des flux numériques traités (cf. photo ci‑dessous).

 

 

Après avoir fait analyser le comportement acoustique de notre pièce d’écoute par le système YPAO, nous sommes passé à l’écoute de nos habituelles plages utilisées comme références de tests. Le système YPAO offre au R‑N800A un comportement très technique, un peu sage à notre goût. Pour mieux apprécier son tempérament, et parce que notre espace compote peu de pièges acoustiques (chaque pièce d'écoute est différente) nous avons donc « débrayé » cette correction en pressant le bouton Pure Direct qu’il porte en façade. Ce mode permet de contourner l’intégralité des corrections et traitements appliquées au signal.

 

 

Yamaha R‑N800A, scène sonore tridimentionnelle

Le R‑N800A surprend par l’ouverture et le détail de l’image sonore qu’il délivre. La scène stéréophonique est ample et bénéficie d’un excellent relief. Les différents « objets sonores » se localisent avec beaucoup de précisions au sein d’un espace ouvert et aéré. Par ailleurs, il est tangible que cet amplificateur dispose d’une gestion des appels de courant les plus intenses peu commune. Ce point, probablement lié à la présence des doubles push‑pulls des étages de puissance, garantit une remarquable franchise des attaques. Les basses profondes bénéficient d’une très belle fermeté tandis que l’aigu bénéficie de transparence tout en conservant beaucoup de douceur. Visiblement le R‑N800A dompte les enceintes les plus rebelles ou délicates à gérer avec aisance. Un comportement mis en évidence par la traditionnelle écoute de Three pièces for Blues and Symphony Orchestra de William Russo interprété par l’orchestre symphonique de San Francisco sous la direction de Seiji Osawa. En dépit de la réverbération assez marquée qu’offre la salle de l’Opéra de San Francisco, chaque musicien se localise parfaitement et se détache avec beaucoup de précision. L’espace stéréophonique offre à l’image sonore un relief séduisant. L’intervention du triangle, qui se fait entendre durant l’un des rares instants les plus calmes de l’interprétation, illustre ce comportement. Non seulement il se trouve parfaitement positionné, légèrement à droite du centre de l’espace sonore, sa note cristalline semble provenir de très loin, des fins fonds de la scène sonore, ce qui est le cas. Ça faisait longtemps, comprendre de nombreux banc d’essai, que nous n’avions pas profiter de cette œuvre avec une telle scène sonore.

 

Yamaha R‑N800A, Maria Calas au naturel

L’écoute d’un extrait de Carmen interprété par Maria Calas a également mis en évidence cette précision de localisation spatiale. Dans L’amour est enfant de Bohème, la voix de la cantatrice prend place au centre de l’image sonore, légèrement à l’avant‑plan, tandis que l’orchestre et les chœurs viennent l’habiller avec réalisme. C’est aussi ici l’occasion pour le R‑N800A de mettre en évidence ses capacités dynamiques. La restitution bénéficie ainsi d’un naturel, d’une vivacité et d’une limpidité que peu de systèmes sont capables de délivrer.

 

 

Yamaha R‑N800A, capacités dynamiques exceptionnelles

Pour mettre encore plus à l’épreuve les capacités dynamiques du R‑N800A, nous l’avons soumis à la restitution de In The Hall Of Mountain King, de Grieg. Cette écoute nous a permis de vérifier qu’il disposait effectivement d’une réserve d’énergie assez impressionnante pour affronter les envolées de dynamiques les plus extrêmes. De même, nous avons noté que, durant les premières mesures de l’œuvre, les timbales bénéficiaient d’une excellente profondeur. Lors de son entrée en scène chaque nouveau groupe d’instrument vient trouver naturellement sa place au sein d’un espace sonore riche en détails, sans que l’image sonore perde en finesse. Cependant, ci cette œuvre constitue un cas d’école en matière de dynamique, le R‑N800A sait aussi respecter les ambiances plus intimistes. Point que nous avons pu vérifier lors de l’écoute de Dans ma Rue de Zaz. Il a su offrir à sa voix une belle présence, associant un phrasé ciselé à un grand respect de son timbre tout en laissant le piano habiller cette atmosphère chargée d’émotion. Les pièges de Fever d’Elvis Presley ont été déjoués par le R‑N800A avec la même aisance. Il a respecté toute la rondeur de la contrebasse sans qu’elle nuise à la chaleur de la voix du chanteur, le tout ponctué par des claquements de doigts qu’il a su restituer avec naturel.

 

Yamaha R‑N800A, rendu stéréo ultraprécis

Enfin, pour mettre encore plus en évidence la précision de l’image stéréophonique que délivre le R‑N800A nous n’avons pas pu résister à l’écoute de Requiem pour un con (version remix 91) de Serges Gainsbourg. La voix du chanteur jaillit du centre de la scène sonore tandis que les cœurs semblent venir de très loin tout en conservant, en dépit de cette position en retrait, une présence irréprochable.

 

Derrière son apparence sobre et sage, le R‑N800A dispose d’un tempérament de feu. Vif et précis, il sait maîtriser les enceintes les plus rebelles et délicates à gérer. Il leur permet de révéler leur tempérament et de s’exprimer pleinement. Sa réserve d’énergie impressionnante lui permet de tirer son épingle du jeu en toute circonstance. Au regard de l’historique des produits Yamaha, chaque nouveauté proposée par la marque suscite de forte attentes. Une fois de plus, avec le R‑N800A nous n’avons pas été déçus. Yamaha nous propose ici un maillon aux remarquables performances, à un prix contenu, qui mérite d’être associé tant à des sources qu’à des enceintes de haute qualité dont il saura exploiter toutes les ressources. Une réussite à tout points de vues.