Parmi elles, La dernière séance (1971), huit fois nominé aux Oscars, porté par de jeunes comédiens talentueux (Cybill Shepherd, Jeff Bridges, Ellen Burstyn, Timothy Bottoms). Adapté du roman éponyme de Larry McMurtry (également co‑scénariste), l’histoire se déroule à l’aube des années 50 à Anarene, une petite ville isolée du Texas, dont la seule attraction du coin demeure un cinéma en passe de fermer ses portes.
Récit initiatique bouleversant, ce chef‑d’œuvre consacre son créateur en même temps qu’il annonce le thème (pour ne pas dire une vision) qui hantera la suite de sa filmographie (de On s’fait la valise docteur au très émouvant Mask réalisés entre 1972 et 1985), autrement dit la nostalgie du cinéma classique américain, d’un savoir‑faire, d’une magie dont il aurait rêvé être le contemporain.
L'âge d'or et le Nouvel Hollywood
Étrange et paradoxale posture que celle de Bogdanovich, figure du Nouvel Hollywood qui choisit de raconter l’Amérique à la manière de Ford, Hawks ou Leo McCarey. En 2018, il réhabilitait l’œuvre inachevée d’Orson Welles, The Other Side of the Wind, dans laquelle John Huston incarne un cinéaste qui tente de revenir sous les feux de la rampe. Soit un film consacré au retour impossible dans une industrie du rêve métamorphosée à jamais, que seul un vétéran à la carrière sinueuse comme Bogda pouvait en assurer le montage.
« Réfléchissez un peu à tous ces gens qui vont voir des films. Beaucoup d’entre eux ne parlent même pas l’anglais mais peu importe parce que le cinéma est un langage que tout le monde comprend. Et si vous êtes bon, vraiment bon, vous leur donnerez peut‑être des petits morceaux de temps qu’ils n’oublieront jamais », soutenait le producteur H.H. Cobb (Brian Keith) dans le vibrant hommage au cinéma primitif, Nickelodeon (1976).
Pour en savoir plus sur le cinéaste et le cinéma, le beau livre d’entretiens de J‑B Thoret paru chez Carlotta en 2018, Le cinéma comme élégie : conversations avec Peter Bogdanovich.