C'est une première, le marché français de la vidéo (physique + streaming) affiche un chiffre d'affaires au‑delà de 2 milliards d'euros (un peu plus de 2 200 millions, cf. graphique ci‑dessous) alors que tous les principaux éditeurs ou presque, issus des majors hollywoodiennes, voient leurs recettes et leur rentabilité (donc leur capacité d'investissement et de production) plonger.
Marché vidéo France, le streaming fait la loi !
Même si les derniers mois ont de quoi redonner le sourire aux éditeurs vidéo « traditionnels » avec les retentissants succès en salles de Top Gun : Maverick (cliquez pour découvrir notre test complet de l'édition 4K Ultra HD) ou Avatar : la voie de l'eau (cliquez pour découvrir notre critique cinéma), ces derniers souffrent impitoyablement de l'écroulement du marché de la vidéo physique au profit de celui de la SVOD initié en 2007 aux États‑Unis (et qui a explosé en 2015 en France), marché au sein duquel ils font encore figure de nains face à Netflix et Amazon Prime Video. Et si l'un d'entre eux, The Walt Disney Company, a décidé de porter haut le fer avec le lancement de Disney+ en 2019 aux USA et 2020 en France, c'est au prix d'investissements colossaux et de pertes abyssales. Le groupe Disney subit un effet de ciseaux avec l'effondrement des recettes issues des disques d'un côté, des dépenses considérables pour s'imposer sur le marché du streaming, de l'autre.
Pendant que le secteur du streaming impose sa loi, celui de la vidéo physique s'écroule. Sur la dernière décade, alors que le chiffre d'affaires de la SVOD était multiplié par 60, celui de la vidéo physique s'est écroulé d'environ 75%. En volume, c'est un peu mieux, mais là encore, la chute est rude avec des ventes divisées par deux en dix ans (cf. graphique ci‑dessous).
Autre coup dur pour le format physique, pour la première fois en 2022, le CA de la VOD transactionnelle (soit l'achat définitif ou la location de contenus numériques, EST ou TVOD), parent pauvre du marché vidéo depuis ses débuts, dépasse celui de la vidéo physique, 245,8 millions d'euros contre 234,9 millions (cf. graphique ci‑dessous). C'est dire la dégringolade du DVD et du Blu‑Ray/4K Ultra HD Blu‑Ray.
Marché vidéo France 2022, zoom sur la SVOD
La SVOD, à l'instar la crise sanitaire, marque le retour en grâce du téléviseur au sein du foyer. L'arrivée massive de Smart TV (ou TV connectés) dans les salons ces dernières années a considérablement simplifié l'accès aux différents services de streaming. Ainsi, la SVOD est de plus en plus consommée sur téléviseurs (+6,1% entre 2018 et 2022), au détriment de l'ordinateur et de la tablette. Seul le smartphone voit son usage progresser pour les abonnés SVOD (cf. graphique ci‑dessous).
De même, la pénétration des offres SVOD continue de grimper, notamment chez les individus de plus de 24 ans, alors que son usage est stable sur les plus de 35 ans et en baisse sur les moins de 24 ans, et ce depuis 2020 (cf. premier graphique ci‑dessous). Au final, le taux d'utilisateurs d'un service SVOD au quotidien reste stable depuis janvier 2020 (cf. deuxième graphique ci‑dessous).
Top 3 marché vidéo streaming France 2022
Des tendances qui expliquent le ralentissement de la croissance observé chez les leaders sur marché SVOD, Netflix, Amazon Prime Video et Disney+, qui comptent à eux trois environ 22 millions d'abonnés en France : 11 millions pour Netflix, 7 millions pour Amazon Prime Video et 4 millions pour Disney+ (cf. graphique ci‑dessous).
Top 3 marché vidéo streaming monde 2022, Netflix archi‑leader
À l'échelle du monde, le podium des plateformes SVOD reste grosso modo le même, à l'exception de l'énorme marché US qui voit le service Hulu se hisser à la deuxième place derrière Netflix et devant Amazon Prime Video. Il faut aussi signaler le cas particulier de la Suède avec les offres Viaplay et HBO Max derrière Netflix (cf. graphique ci‑dessous).