le 02 février 2021 - 07h45

Les trois visages de la peur en 4K, hommage au travail de Mario Bava

Les trois visages de la peur de Mario Bava se prépare pour une sortie 4K Ultra HD. Le visuel est déjà prêt, visiblement. 

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Sorti en 1963 et restauré récemment, Les trois visages de la peur est annoncé en exclusivité 4K Ultra HD chez l'éditeur indé français Le chat qui fume. 

 

Les fans aux aguets

Pas de bonus encore dévoilés mais une fenêtre de tir estimée aux alentours de début mars 2021. Au programme : une édition combo 4K UHD/Blu‑Ray qui devrait redonner toutes ses lettres de noblesse à ce monument d’épouvante gothique avec Boris Karloff, Michèle Mercier et Lidia Alfonsi.

 

 

Gros plan sur Mario Bava

Initiateur de l’horreur transalpine, père d’une flopée de cinéastes qui émergeront à la fin des années 60 (Dario Argento, Sergio Martino, Massimo Dallamano...), Mario Bava (photo ci-dessus) fut en Italie au cours des années 70 l’unique et véritable alternative à un cinéma américain alors en plein déclin.

 

Rompu aux beaux‑arts, amateur éclairé de musique et de peinture, il fut d’abord chef‑opérateur, le plus réputé de l’industrie du cinéma italien. Pendant près de quinze ans, il travailla pour les plus grands (Pabst, Monicelli, Risi, Walsh). Admiré pour la qualité de sa photographie à base de couleurs flamboyantes et de trucages (ses idées permirent à un nombre important de longs métrages d’être sauvés de la déroute), Bava cosigna de nombreux films, bien que non crédité au générique.

 

Les plus connus demeurent ceux de Pietro Francisci (réalisateur spécialisé dans le péplum) et Riccardo Freda. Le tournage de Vampires, par exemple, fut abandonné par Freda suite à un différend avec le producteur et achevé par Bava. De même que Caltiki, le monstre immortel. Mais la contribution majeure de Bava fut celle qu’il apporta à Jacques Tourneur en réalisant pour lui les séquences de batailles de La battaglia di Maratona en 1959. Pour le remercier du travail accompli, les producteurs lui proposèrent de réaliser son premier film en solo, Le masque du démon, adapté d’un conte de Gogol, long métrage tourné en Scope et N&B avec Barbara Steele qui allait devenir l’égérie du film d’épouvante.

 

Les bases du giallo

D’emblée, la griffe Bava est en place : un soin maniaque apporté aux décors et à la lumière, le goût pour une certaine forme de théâtralité, l’importance de la ruine, de la putréfaction et enfin de la nécrophilie, l’un des grands thèmes sous‑jacents de son œuvre à venir. Après une série de péplums (le genre le plus populaire du cinéma italien entre 1950 et 1965), Mario Bava signe La fille qui en savait trop (en référence à Hitchcock…), adapté de la nouvelle Screaming Mimi de Fredric Brown.

 

Inaugurant le thriller à l’italienne, ce film pose les premières pierres de ce qui allait devenir le genre phare du cinéma italien des années 70 : le giallo. L’histoire est celle d’une jeune Américaine en voyage à Rome qui assiste un soir à un meurtre sur la Piazza di Spagna. Mais un détail dont elle ne parvient pas à se souvenir lui manque…

 

 

Le public apprécie, mais c’est surtout avec Six femmes pour l’assassin (thriller flamboyant dans le milieu de la haute couture, photo ci-dessus) que Bava s’impose dans le giallo et établit la charte du genre : assassins mystérieux et gantés, victimes pulpeuses, trauma initial, goût pour l’artifice, utilisation des armes blanches et meurtres esthétisants plus proches de l’opéra que du fait divers sordide.

 

Dès lors, Bava alterne des giallos de plus en plus violents et pathologiques. Le sommet est atteint avec La baie sanglante en 1971 (dont la traduction du titre original, Réactions en chaîne, résume bien le film comme une succession de meurtres) et des longs métrages mêlant horreur gothique « à la Universal » (Les trois visages de la peur), mode des James Bond movies (Danger Diabolik) et films de possession (La maison de l’exorcisme ou Shock en 1977). « Les monstres n’existent pas dans mes films, a un jour déclaré Bava, ce sont les visions déformées de personnages qui s’aventurent au bord de la maladie mentale, de l’aberration sexuelle, en quête d’émotions fortes ».

 

 

En dépit de ses multiples qualités, de son apport dans l’histoire du cinéma, l’œuvre de Mario Bava ne sera reconnue que très tard, quelques années après sa mort, en 1980. Raison de plus pour ne pas louper son tout premier film à être édité en 4K UHD.

 

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