Après deux épisodes qui contenteront peut‑être les fans, impossible de se dire qu'à 465 millions de dollars les huit épisodes, il n'était pas possible d'influer plus d'énergie, de nouveauté et de modernité à un récit fantasy qui ouvrait, au fond, tant de possibles. Au lieu de tout se permettre, quitte à malmener son public, l'équipe aligne sagement la présentation des forces en puissance dans des univers picturalement intéressants, mais où tout est figé, léché, pire… attendu.
Beau mais trop figé
Des épisodes d’exposition qui surprennent moins par leur audace que par leur manque de naturel et de légèreté. Nous voilà plongés dans des décors d’une immaculée perfection au côté de personnages dont les coiffures ont dû peser lourd dans le budget « laque » de la production. Sans parler de la palette numérique, aussi sophistiquée soit‑elle, qui finit par lisser même les rares éléments naturels. Les reflets du soleil sur une vague, la feuille d’un arbre, les armures rutilantes, tout est beau mais terriblement froid. Et même le froid, lorsque les elfes traversent des contrées glaciales, ne se ressent absolument pas sur les protagonistes. Un souci de crédibilité qui pourra en titiller plus d'un.
Que dire des personnages ? Pour l'instant, à part expliquer tout ce qu’ils sont en train de faire et lancer des répliques sur un même niveau de gravité, il est bien difficile de se passionner pour leur quête. Même si l'intrigue se déroule plusieurs milliers d’années avant les événements des livres J.R.R. Tolkien Le Hobbit et Le seigneur des anneaux, on a clairement l’impression de connaître les moindres ressorts et sursauts dramatiques à venir.
Une jolie balade touristique
Au fond, Les anneaux de pouvoir est une invitation à un voyage. Un voyage féerico‑tragique dans les profondeurs les plus sombres des Monts Brumeux, au cœur des forêts majestueuses de la capitale elfique de Lindon, sur l’île‑royaume de Númenor, jusqu’aux confins les plus éloignés du monde. Un voyage que l'on attend rugueux, étonnant, trépidant, surprenant. Las, à ce stade, on frôle plus la jolie balade touristique en petit train.
Trop de musique, trop de fonds d’écrans sans âme, la sempiternelle lutte du Bien et du Mal, Les anneaux de pouvoir manque son occasion de créer une proposition de heroic fantasy radicalement différente de celle déjà exposée par Game of Thrones et House of Dragon, mais remixe à merveille les grands thèmes de la saga. Dans le premier épisode, un des personnages s’exclame : « Vous n’avez pas envie de laisser le passé où il est et d'aller de l’avant à la découverte de nouvelles choses ? ». C’est un peu la question qu’on a envie de poser au créateur de la série… Peut‑être que la suite est géniale, en tout cas, il ne reste plus que six épisodes à la saison pour convaincre.