Sorti en 1988, soit cinq longues années après son tournage Le marin des mers de Chine constitue l'un des meilleurs films de Jackie Chan. À redécouvrir absolument en 4K Ultra HD par l'entremise de Metropolitan Film & Vidéo, qui a la bonne idée de le ressortir du catalogue HK Vidéo pour une parution dans le courant de l'année 2024.
Les débuts de Chan kwong‑san
L'occasion de se rappeler quand tout a commencé pour Chan kwong‑san, né le 7 avril 1954 à Hong‑Kong d'un papa cuisinier et d'une maman femme de ménage. Saisissant l'opportunité d'aller travailler à l'Ambassade d'Australie, les époux désirent que leur fils ait une éducation chinoise et l'inscrivent à l'Opéra de Pékin. Chan est alors âgé de 7 ans. Dix années drastiques commencent, au cours desquelles l'enfant, sous la tutelle d'un maître de l'école, va apprendre le théâtre, la danse et les arts martiaux, bases de son métier à venir, aux côtés de deux autres futures stars du cinéma hong‑kongais, Samo Hung et Yuen Biao. Ils y subissent le même enseignement intensif, et le travail paie, Chan fait ses premiers pas devant la caméra comme enfant figurant dans de nombreux films. En 1971, il sort enfin de l'Institut et part rejoindre ses parents en Australie. Mais les petits boulots ne le satisfont pas, il rentre à Hong‑Kong et court les castings en compagnie de Samo Hung et Yuen Biao.
Hong Kong Star
Figuration, cascades, tout est bon pour se faire voir. Un jour, le célèbre studio Shaw Brothers remarque l'énergie et la technique de cet adolescent et l'embauche. L'ironie du sort conduit alors Chan à tra¡vailler comme cascadeur sur La fureur de vaincre (1971) et Opération Dragon (1973), deux films mythiques de la star du moment, Bruce Lee. Il exécute même une cascade risquée (il s'élance dans une vitre et la brise) qui lui vaut de décrocher son premier rôle en tant qu'acteur dans Le jeune tigre. La carrière de Chan semble lancée. Il obtient de nombreux petits rôles jusqu'à Hand of Death, l'un des premiers films de John Woo. Le décès prématuré de Bruce Lee en 1973 sera finalement la chance de Chan. Contacté par le producteur Lo Wei, qui voit en lui la relève possible de Lee, il tourne La nouvelle fureur de vaincre. Mais en dépit de ses qualités physiques, Chan n'est pas Bruce Lee : il n'a pas l'apreté ni le visage tragique de son aîné.
« Je ne pouvais pas me référer à Alain Delon. Il est beau, pas moi »
Chan est avant tout une boule de nerfs et sa technique virevoltante sied davantage à un univers léger et spectaculaire, celui de la comédie. La sortie du Protecteur en 1976, mélange de burlesque et de kung‑fu, ouvre enfin à Chan la voie dont il avait besoin, et Lo Wei, conscient que Chan (surnommé « Le petit dragon ») n'arrive pas à faire oublier Bruce Lee, le rebaptise : Chan Kwong‑san devient Jackie Chan. « J'aimais beaucoup Bruce Lee, déclarait‑il à l'époque. Mais je ne veux pas rester dans son ombre toute ma vie. Il n'y a qu'un seul et unique Bruce Lee, c'est le Maître. Charlie Chaplin, Buster Keaton m'ont davantage inspiré. Et aussi Jean‑Paul Belmondo. De nombreux comédiens américains utilisent des doublures pour les cascades, pas lui. Par contre, je ne pouvais pas me référer à Alain Delon. Il est beau, pas moi ».
La suite est connue : 1978 est l'année de sa consécration. Jackie Chan tourne Le Chinois se déchaîne sous la direction de Yuen Woo‑ping, futur chorégraphe de Matrix et de Tigre & Dragon. Le succès est immédiat et inaugure une filmographie impressionnante (quatre à cinq films par an, dont la série des Police Story et Drunken Master !) jusqu'à son exil hollywoodien en 1998. Rush Hour et sa séquelle l'installent, avec Jet Li, comme l'une des rares stars asiatiques, à l'époque, susceptibles d'intéresser le public américain.